Intervention de Nicolas Turquois

Séance en hémicycle du mercredi 30 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Turquois :

Madame la présidente, monsieur le ministre de l'agriculture et de l'alimentation, monsieur le rapporteur de la commission des affaires économiques, mes chers collègues, le vote solennel de ce jour revêt un sens tout particulier pour ceux qui défendent depuis longtemps la ferme France et s'investissent pour une agriculture plus compétitive, plus rémunératrice, mais aussi plus attentive aux questions environnementales. Premier projet de loi agricole de la législature, le texte a suscité chez nos agriculteurs et nos concitoyens des attentes nouvelles et fortes, que nous nous sommes efforcés de ne pas décevoir.

Ce projet de loi est celui – je dois bien l'avouer – qui m'a le plus marqué : huit jours et huit nuits de débats intenses, sans discontinuer. Toutefois, malgré la longueur des échanges, les débats ont été posés, intéressants, et j'ai éprouvé un réel plaisir à écouter les discours et les argumentations de tous les députés, d'où qu'ils viennent sur ces bancs.

Je vois dans cette loi agricole un véritable tournant, car elle conduit à un renversement complet de la méthode : l'inversion de la logique de construction des prix d'abord pour une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs, afin que chaque agriculteur soit rémunéré au juste prix payé ; la valorisation de produits alimentaires de qualité ensuite, tout particulièrement à travers la restauration collective.

Toutefois, si je reste convaincu que cette démarche est la bonne, il importe de convaincre nos agriculteurs du bien-fondé du texte, sans stigmatiser leurs pratiques, qui ont leur histoire et leurs raisons. Si nous n'emmenons pas les producteurs avec nous, je crains que ce projet de loi ne reste lettre morte. C'est pourquoi, au groupe MODEM et apparentés, nous sommes pour des temps d'adaptation, pour l'élaboration de plans de filière, pour un renforcement du rôle des interprofessions, pour une transformation du système, et non pour une opposition entre les uns et les autres.

Les questions du bien-être animal ou des produits phytopharmaceutiques sont légitimes et doivent être posées. Sur beaucoup de sujets, j'ai été frappé par la prise de conscience partagée sur tous les bancs de l'hémicycle. Les agriculteurs savent désormais qu'un changement de pratiques est non seulement nécessaire, mais inéluctable.

Nous avons, je crois, trouvé un équilibre sur les sujets qui ont fait les unes médiatiques : savoir dire non tout de suite aux néonicotinoïdes face à la chute dramatique des populations d'abeilles ; savoir dit non aux nouveaux projets de bâtiments d'élevage de poules en cage, mais laisser à la filière le temps de rentabiliser les investissements qui viennent d'être faits ; et savoir rappeler à nos agriculteurs les engagements forts du Président de la République sur le glyphosate, même si nous ne pouvions, à la fois, affirmer notre confiance à l'égard des agriculteurs qui se sont engagés et inscrire son interdiction dans la loi. Nous devons être collectivement, avec les agriculteurs, garants de l'engagement de notre majorité.

Je crois sincèrement que le travail parlementaire, que ce soit en commission ou en séance, a contribué à étendre la portée et la profondeur du texte. Cet enrichissement a été possible grâce à votre ouverture et à votre écoute, monsieur le ministre et monsieur le rapporteur, dont je vous remercie sincèrement, sans oublier le président Lescure. Mais j'ai eu aussi un grand plaisir à écouter des argumentations de qualité. Je vais saluer ici – je prie ceux que je ne citerai pas de m'excuser – Laurence Maillart-Méhaignerie, Monique Limon et Célia de Lavergne avec lesquelles nous avons bien travaillé.

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