Intervention de Olivier Becht

Réunion du mercredi 30 mai 2018 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht, rapporteur :

Autre rupture intéressant les armées : l'informatique quantique. Lorsque l'on parle de quantique, on a parfois l'impression de parler de science-fiction… Je ne prétends pas donner ici des explications scientifiques très savantes, mais le principe est le suivant : alors qu'un ordinateur classique fonctionne avec des bits, ayant de façon binaire une valeur soit d'un, soit de zéro, l'informatique quantique fonctionne avec des qbits susceptibles d'avoir deux valeurs en même temps, comme superposées. Ainsi, alors qu'un ordinateur classique doit réaliser une opération pour chaque valeur qu'il donne, un ordinateur quantique donnerait, en une seule opération de calcul, toutes les valeurs possibles. Cela conduirait à accroître de façon exponentielle la capacité de calcul de l'informatique. Aujourd'hui, l'ordinateur le plus rapide opère environ cent millions de milliards d'opérations par seconde, alors qu'un ordinateur quantique n'aurait quasiment aucune limite. Mais, me direz-vous, quand sera opérée cette rupture technologique ? L'horizon s'approche : on le mesurait en décennies il y a encore quelques années ; aujourd'hui, les Américains l'estiment à cinq ans, et les Japonais de Hitachi sont plus optimistes encore, évoquant un à deux ans. La société canadienne D-Wave commercialise déjà une puce quantique, et la NASA comme Google possèdent déjà des applications quantiques. Une autre chose est certaine : si une telle machine fonctionne, elle bouleversera nos chiffrements. En effet, une puissance de calcul infinie permet de tester en quelques secondes une infinité de combinaisons possibles d'un code. La cryptographie est donc à réinventer, sans attendre que la première puissance à posséder un ordinateur quantique puisse mettre à bas nos défenses cryptographiques.

Nous nous sommes aussi intéressés aux ruptures qui pourraient naître de la convergence, à l'oeuvre aujourd'hui, entre neurosciences et numérique. C'est un sujet moins connu, qui relevait de la science-fiction il y a quelques années encore. C'est aujourd'hui un champ de recherches qui enregistre des avancées. Nous nous sommes fait présenter par la DARPA les programmes de recherche RAM et RAM-Replay, qui visent à extraire, restaurer et réimplanter des souvenirs d'un cerveau humain. Autre exemple : les progrès en matière de casques encéphalographiques permettent de transmettre de données par la pensée via un casque à électrodes. Ainsi, on peut aujourd'hui contrôler un avion de chasse par la pensée… Certaines expérimentations visent à contrôler des émotions, par exemple pour réduire la peur ou exalter le courage. Facebook annonce pour 2019 la création de casques neurocérébraux permettant de communiquer par la pensée sur le réseau. Les applications imaginables de ces technologies sont vertigineuses, et parfois effrayantes. Elles ne conduisent pas seulement à l'homme dit augmenté, mais ouvriraient la voie à l'homme contrôlé ; l'existence, un jour, de moyens techniques permettant de hacker un cerveau humain n'est pas à exclure.

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