Intervention de Philippe Vigier

Réunion du jeudi 24 mai 2018 à 10h30
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier, rapporteur :

À vous écouter, tout va bien ! Franchement, je vous invite à venir visiter nos territoires ! Vous dites qu'il n'y a pas moins de médecins qu'en 1980 : je ne vous ferai pas l'injure de vous rappeler que la population a augmenté depuis ! J'aurais bien aimé que vous nous disiez aussi quel est le nombre d'heures disponibles des médecins. Auriez-vous des chiffres précis ? De quand datent vos statistiques ? Selon un rapport de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) publié l'an dernier, 6 millions de Français renoncent à des soins : pourquoi ? Parallèlement, le reste à charge a augmenté pour eux, ce qui pose un problème de cohésion sociale. J'ai la chance d'habiter dans le département de France où la densité médicale est la plus faible. Vous avez d'ailleurs bien fait de rappeler que la ruralité n'était pas seule touchée : les grandes villes le sont également. En dehors de la ville de Tours, la région Centre-Val-de-Loire est sous-densifiée partout. Ce n'est pas nous qui avons établi les critères, ce sont les agences régionales de santé (ARS). Et quand vous faites la comparaison avec les pharmaciens, vous me faites sourire. Il y a moins de 18 000 pharmacies installées sur le territoire : combien y en a-t-il de moins qu'il y a trente ans ? Pourquoi des pharmacies ont-elles disparu ? Pourquoi y a-t-il une pharmacie par jour qui ferme à l'heure actuelle ?

Vous prévoyez un creux de la vague en 2030. Il s'agit quand même de la santé publique, le plus gros budget de l'État ! Nous avons les meilleures statistiques du monde et toutes les données informatiques. On devrait donc travailler en temps réel. Cependant, mon ARS travaille avec des chiffres de 2014 ! Comment peut-on, dans ces conditions, avoir la vision la plus actualisée possible du nombre d'heures disponibles des médecins ? On assiste en effet à une évolution singulière qui est cautionnée et demandée par les professionnels – les jeunes en particulier. On peut comprendre ces professionnels : il y a notamment une féminisation de la profession dont vous n'avez pas dit un mot. Notre travail de parlementaires est de faire des propositions au Gouvernement et non pas de taper sur qui que ce soit. Tout le monde est responsable et tout le monde porte un jugement extrêmement sévère sur une organisation des soins qui est en rupture. Tous les scandales auxquels on assiste depuis quelques semaines ne font qu'illuster un système à bout de souffle. Nous avons donc besoin de votre appréciation statistique et de données démographiques précises. S'agissant par exemple de l'âge de départ à la retraite, il serait bien qu'on ait des histogrammes. Vous ne pouvez pas passer de 1980 à 2017 en ignorant qu'au milieu est passé le micmac de Mme Aubry. Cela a entraîné une accélération considérable de ces départs à la fin des années 1990. On vous expliquait alors que vous pouviez partir plus jeune à la retraite et que c'était formidable. Maintenant, on vous demande à 67 ans de cumuler votre emploi et votre retraite, moyennant une exonération de charges sociales. Nous avons donc besoin d'une aide au diagnostic. Je ne porte pas de jugement sur les propos que vous tenez mais je voudrais être parfaitement éclairé par de vraies statistiques car il n'est pas acceptable qu'on travaille avec cinq ans de retard.

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