Intervention de Valérie Beauvais

Séance en hémicycle du mercredi 6 juin 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Politique migratoire en europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Beauvais :

Ma question s'adresse à M. Premier ministre.

La constitution du nouveau gouvernement italien ne sera pas sans conséquence sur la politique d'immigration des pays européens. En effet, Matteo Salvini, ministre italien de l'intérieur, vient de demander aux migrants de « faire les valises ».

Il annonce vouloir réduire considérablement l'afflux de migrants en Italie, et refuser les accords de coopération européenne en matière d'immigration. Or qu'un pays ayant vu arriver 700 000 migrants depuis 2013 change sa politique d'accueil ne sera pas sans répercussions sur ses pays voisins, dont la France.

En effet, l'Italie est bien souvent la porte d'entrée en Europe de nombreux migrants venus du sud de la Méditerranée. Si demain, elle ferme complètement ses frontières et refuse de récupérer ses clandestins passés en France, le nombre de migrants sur notre territoire augmentera mécaniquement, sans que nous n'ayons les moyens de les accueillir.

Aujourd'hui, la coopération entre la France et l'Italie permet de parvenir à 97 % de retours immédiats pour les clandestins qui franchissent la frontière sud entre nos deux pays. Mais qu'en sera-t-il demain ? Nous risquons de voir se reconstituer de nouvelles jungles urbaines, comme à Calais.

Monsieur le Premier ministre, avez-vous anticipé la décision imminente des Italiens de se délier des accords de coopération européenne, et en avez-vous estimé les risques pour la France ?

Ces annonces sont d'autant plus préoccupantes qu'elles interviennent alors que les demandes d'asile vers la France atteignent des chiffres records, avec une augmentation de 17 % entre 2016 et 2017 pour atteindre plus de 100 000 demandeurs, pour un taux d'admission de 36 %. Ce sont donc plus de 64 000 déboutés qui se retrouvent dans la nature, venant accentuer les chiffres de la clandestinité.

La France n'est pas en mesure d'accueillir un flux plus conséquent de migrants. La loi sur l'asile et l'immigration, que vous avez voulue et que votre majorité parlementaire a votée, ne permettra en rien de pallier cette situation extérieure que nous ne maîtrisons pas.

Il ne s'agit pas là de politique-fiction. Monsieur le Premier ministre, comment comptez-vous faire évoluer votre politique en matière d'immigration afin de vous adapter aux annonces du gouvernement italien ?

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