Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 6 juin 2018 à 15h00
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Article 46

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Ce que je dis là n'a rien d'un emportement lyrique ; c'est la mesure pure et simple de ce que l'on constate quand on observe avec sérieux, grâce aux méthodes de la sociologie, ce qui se passe quand les plus pauvres, les plus désarmés, les plus démunis sont privés des moyens de faire face à leur situation.

Deux millions de familles attendent encore dans ce pays qu'on leur attribue un logement HLM ! Qui, parmi nous, n'a pas vu un travailleur ou une travailleuse, femme ou homme sérieux, qui vient vers vous, parlementaire, en demandant : « pouvez-vous quelque chose pour moi ? À la mairie, ils n'ont rien pu faire. Je les ai vus, j'ai vu l'assistante sociale ; mais voilà neuf ans, voilà dix ans que j'attends un logement pendant que ma famille s'empile, à quatre, à cinq, dans vingt ou trente mètres carrés ». Qui n'a pas vu des situations pareilles ? Le surpeuplement, voilà la situation actuelle du domaine social français.

Voilà la raison pour laquelle votre texte ne nous convient pas.

Il faut au contraire renforcer les objectifs de la loi SRU. Monsieur le ministre, vous m'avez fait l'amabilité de me dire que mon propos initial vous avait intéressé ; et j'ai compris, de nos discussions, que nous comprenons ces phénomènes de la même façon. La question du logement est devenue nodale dans la civilisation, parce que la civilisation est devenue urbaine – 60 % de l'humanité, 80 % dans notre pays, vit en ville.

Dès lors, la ville change de nature. J'ai dit, dès le début, que la question était bien de savoir si l'on abandonnait le logement à la loi du marché – qui, spontanément, apparaît dès que l'on confronte offre et demande – ou bien si, par la loi, par la planification et l'organisation, l'on n'allait pas essayer de maîtriser le prix du foncier.

La véritable mesure révolutionnaire que l'on pourrait prendre, ce n'est pas la mesure castriste que vous proposez en établissant la proportionnalité du loyer par rapport aux revenus – mesure qui ira à l'encontre du but recherché, puisque, je vous l'ai dit, ne resteront dans les appartements que ceux qui payent le moins, alors que ceux qui payent le plus n'auront qu'une hâte : aller ailleurs pour la même somme.

La véritable mesure révolutionnaire, ce serait d'empêcher le foncier d'être l'objet d'accumulation. Il faudrait dire qu'un bien vaut, lorsqu'on le revend, le prix qu'il valait à l'achat, augmenté de l'inflation : ainsi personne ne perdrait rien, mais personne ne s'enrichirait sans cause. J'ai déjà donné de nombreux exemples, et n'importe quel propriétaire parisien qui vient devant nous devra nous expliquer quelle est la cause réelle de son enrichissement – les prix dans Paris ont augmenté de 350 %, même quand rien n'a changé autour de l'appartement !

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