Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 6 juin 2018 à 15h00
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Article 46

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Combien de pays ne connaissent que le logement social à tarif différent ? C'est à cela qu'aspirent les gens : à un bon logement !

Mes chers collègues, la dette qui pèse à chaque instant sur vous, sur votre propre vie et sur votre activité, c'est la propriété de quelqu'un d'autre. Vous savez ce que nous pensons, depuis Jean-Jacques Rousseau dont je me suis déjà assez réclamé, de la propriété.

Cette affaire de propriété, c'est la base de l'économie de la dette qu'est devenu le capitalisme de notre époque ; l'accumulation se fait par la sphère financière, et la dette, c'est la propriété de quelqu'un d'autre qui pèse sur votre vie intime. C'est votre futur qui intervient comme une dette dans votre présent ; c'est une laisse autour du cou. Alors ne dites pas que les gens courent après la dette et sont heureux d'en avoir ; car rares sont ceux qui – vivant dans les centres-villes des villes les mieux équipées – profiteront vraiment d'un accroissement sans cause de leur capital. Partout ailleurs, c'est le contraire. Demandez à tous ceux qui ont acheté des maisons Phénix – je ne sais pas si la marque existe encore, ni si cette phrase me vaudra des ennuis, mais l'immunité parlementaire est là pour garantir ma liberté de parole… Cela vaut pour ceux-là comme pour d'autres, y compris pour des journalistes qui ont participé à des guérillas dans le passé.

Tant de gens non seulement n'ont pas gagné d'argent – au contraire, ils en ont perdu ! Arrêtons de dire que la propriété est le but ultime du parcours de chaque personne.

Non, le but ultime, c'est le bonheur ; c'est vivre bien, là où on est, en sachant que tout ce que nous vivons peut être provisoire, et peut s'arrêter bien plus vite qu'on ne l'imagine. Alors, la dette, et ce que l'on croit avoir acquis de cette façon, c'est une illusion. La seule chose qui compte, c'est de vivre, de bien vivre, de savoir si les autres se soucient de vous.

En abolissant, comme vous êtes en train de le faire, la disposition cardinale de la loi SRU, vous démolissez le peu qui avait été fait pour dégager du foncier et bâtir du logement social, question cruciale de notre époque. Le peu que l'on avait va disparaître.

C'est pourquoi nous voterons contre cet article 46.

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