Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du mercredi 6 juin 2018 à 15h00
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Article 46

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Je commencerai par remercier le président Mélenchon de ses propos ; il me facilite la tâche, puisque je dois me livrer à l'exercice très frustrant qui consiste à m'exprimer sur le sujet majeur que constitue la loi SRU dans un temps très contraint. Mon propos sera donc lapidaire.

Gardons à l'esprit les principes qui ont guidé l'adoption de la loi SRU. À ce qui vient d'être dit, j'ajouterai le rappel d'une idée tout simple : un effort de solidarité national doit être consenti pour loger les personnes les plus modestes, et cet effort doit être mieux réparti. La solidarité nationale doit être mieux partagée.

Alors que le logement HLM s'adresse à 75 % du salariat de notre pays, la loi SRU demandait que chaque grande ville de notre pays compte au moins 20 % de ces logements. C'était simplement un effort partagé de solidarité nationale.

Une loi ne devrait pas être nécessaire, me direz-vous : les gens ont une conscience, ils ont un coeur, ils croient que la République doit être notre maison commune – ils savent, donc, qu'un minimum de solidarité est nécessaire entre les uns et les autres. Malheureusement, la situation était telle qu'il a fallu une loi. Elle a été votée à l'unanimité.

Ce texte, voté il y a quelque vingt ans, a permis de construire 600 000 logements et de rattraper des retards entre certains territoires. Mais, malgré cela, le séparatisme social et la volonté de vivre dans l'entre-soi n'ont fait que croître ; les inégalités, la ségrégation, voire ce que certains appellent – je ne reprends pas le terme à mon compte – « l'apartheid territorial », se sont accentués.

Dix-huit ans après cette loi vertueuse, cette loi de partage de l'effort et de la solidarité, les effets sont réels ; mais ils sont insuffisants au regard de l'évolution de la société. La seule leçon que nous devrions en tirer, c'est qu'il faut renforcer et conforter les dispositions adoptées alors.

Notre groupe a beaucoup de propositions à faire. Ainsi, il faudrait, dans les villes carencées, cesser de compter les logements PLS – prêt locatif social – ou l'habitat spécifique parmi les logements sociaux – car ce sont là des artifices destinés à se soustraire à l'obligation fondamentale d'offrir à tous ceux qui en ont besoin des logements familiaux à loyer modéré.

Nous avons souvent été en désaccord depuis le début de nos discussions, mais nous avons les uns et les autres essayé de ne pas faire preuve de mauvaise foi. Je me permets néanmoins de dire que M. Denormandie a quelque peu usé de ce procédé hier soir : vous avez essayé, monsieur le secrétaire d'État, de sortir l'une de mes phrases de son contexte pour faire semblant de croire que j'approuvais l'idée de comptabiliser un logement HLM acheté par son locataire au sein des logements sociaux. Oui, bien sûr, je maintiens cette phrase – mais c'est une infime minorité : parmi les 8 000 logements vendus, seuls 3 000 le sont à des locataires HLM. Et surtout, si je soutiens cette idée, cela ne doit pas concerner les communes qui sont en dessous des 25 % !

Avec cet article 46, mais aussi avec d'autres que vous avez déjà votés, vous affaiblissez la loi SRU – et d'autres encore viendront par la suite l'affaiblir encore. C'est à mon sens une faute grave. Alors que tous les signaux nous disent l'urgence de lutter contre le séparatisme et les inégalités et de renforcer la mixité sociale, vous faites le contraire.

Le groupe GDR votera donc contre cet article.

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