Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du jeudi 7 juin 2018 à 9h30
Encadrement de l'utilisation du téléphone portable dans les écoles et les collèges — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Ce n'est pas bien de jeter des aliments ! J'en plaisante, mais c'est grave, et fortement perturbateur.

Les enseignants font face à de nombreuses difficultés. Se faire respecter nécessite des ressources pédagogiques très concrètes. Or, je vous le dis franchement, votre proposition de loi n'aide en rien nos pédagogues, nos enseignants, à faire respecter une disposition qui existe d'ores et déjà.

Nous donnons-nous les moyens d'avoir dans tous les établissements scolaires un adulte, un surveillant capable d'épauler un pédagogue face à une difficulté pour se faire respecter ? J'affirme ici que ce n'est pas le cas. Par exemple, dans le premier degré, un maître, une maîtresse face à un élève violent, un élève perturbateur ou qui utilise un téléphone portable ont-ils les moyens d'appeler le directeur ou la directrice – ce sont généralement eux qui se chargent de cela – pour intervenir en classe ? Comme dans nombre d'écoles il n'y a pas, ou peu d'heures de décharge pour ces derniers – eux-mêmes sont face à une classe – , cela soulève toute une série de difficultés.

Votre texte ne répond pas à tous ces problèmes. Mais nous avons bien compris que le débat était piégé. La vraie question est la suivante : comment pouvons-nous faire en sorte que nos enfants, les élèves, aient droit à des moments de déconnexion, aient une réelle éducation aux dangers que représente le téléphone portable ?

Celui qui vous parle – comme vous tous, j'ai plusieurs casquettes – est un ancien enseignant, mais est aussi un parent d'élève. Rien n'est plus casse-pieds que d'avoir des enfants dont le nez est en permanence collé aux écrans, y compris à la maison et partout ailleurs. L'éducation nationale – notamment – prévoit-elle le développement d'un véritable enseignement pour que les enseignants eux-mêmes sachent à quoi s'en tenir ? Du temps sera-t-il débloqué pour ce faire ? C'est important. Or cette dimension, pourtant essentielle, est totalement absente de votre texte.

Je crains que l'on ne se contente d'une simple réaffirmation – c'est pourquoi j'ai plaisanté tout à l'heure. « Le grand Jean-Michel Blanquer a déclaré ! » Certes, vous manifestez une certaine autorité qui peut être efficace, monsieur le ministre, mais tout de même, ce n'est pas l'adoption d'une proposition de loi qui réglera le problème d'un enseignant, d'un directeur d'école, d'un principal de collège qui se trouve en difficulté face à des parents – car cela arrive aussi, on l'a rappelé tout à l'heure – qui lui reprochent d'avoir confisqué un téléphone portable.

J'ai parlé du port de la casquette : j'ai été confronté à un conflit avec des parents parce que j'avais demandé à un élève de retirer sa casquette et, au bout d'un moment, cela en vint à prendre des proportions terribles.

Bref, nous nous abstiendrons sur ce texte, sauf si certains amendements sont adoptés.

Pour continuer dans l'ironie, prenez-vous l'engagement que, lors d'une prochaine visite dans une école du Président de la République ou de vous-même, monsieur le ministre, vous direz à un élève qui sortirait son téléphone portable pour faire un selfie avec vous que c'est interdit ?

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