Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du jeudi 7 juin 2018 à 9h30
Encadrement de l'utilisation du téléphone portable dans les écoles et les collèges — Discussion générale

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

Il y a effectivement un changement de paradigme, et si je ne partage pas du tout votre conclusion, j'ai beaucoup aimé votre formule car elle résume parfaitement notre action. L'utilité de la mesure est d'ailleurs attestée par les débats : tout le monde a reconnu la réalité du problème et la nécessité d'agir.

J'ai également été frappé par les contradictions à l'intérieur des groupes. Vous n'avez pas tous dit la même chose, c'est pourquoi il faut trancher et assumer d'emprunter une certaine direction. M. Hetzel et M. Gosselin, qui siègent pourtant sur les mêmes bancs, ont ainsi dit deux choses totalement différentes : M. Hetzel a estimé que la proposition de loi, redondante, ne servait à rien ; M. Gosselin a pour sa part expliqué que le texte de 2010 était bien meilleur que celui que nous nous apprêtions à adopter parce qu'il laissait plus de liberté aux établissements. En effet, nous ne voulons pas que les établissements puissent permettre le développement des téléphones portables, donc nous en interdisons l'usage sauf pour les exceptions prévues par le texte. Il existe donc des points de vue différents et la loi doit trancher clairement.

On a entendu des choses tout aussi diverses sur les bancs opposés. M. Corbière nous a ainsi expliqué, comme M. Hetzel, que la proposition de loi était redondante et inutile, et que nous ne faisions que brasser du vent. Mme Buffet, en revanche, a jugé que la situation actuelle était meilleure que celle à laquelle nous tendions, puisqu'elle permet aux établissements qui le souhaitent d'autoriser les téléphones portables. Selon Mme Buffet, il fallait surtout organiser l'encadrement éducatif de leur usage. Ces deux députés ont donc dit deux choses extrêmement différentes et la loi doit trancher par rapport à ces positions. Les députés des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir ont à juste titre souligné qu'il fallait absolument rendre la loi claire et nette ; c'est ce que nous proposons.

Les débats démontrent qu'il était possible d'agir sur le plan juridique, et la loi le fera. En effet, ce qu'une loi a fait, seule une autre loi peut le changer, et nous estimons que la loi de 2010 est moins bonne que celle que nous défendons. Sur le fond, le problème de société, qui a été abondamment souligné aujourd'hui, est réel. En évoquant la possibilité d'interdire le téléphone portable également pour les adultes de l'établissement, Cédric Roussel a soulevé une question qu'il est important d'aborder car – vous avez été nombreux à le dire – elle nous touche tous : l'usage du téléphone portable dans notre monde, jusque sur les bancs de cette assemblée. La question renvoie à la société que nous voulons construire ; il est donc bon que la proposition de loi aborde ces questions et permette à la société française de s'interroger, au travers de l'éducation des enfants et des adolescents, sur l'usage que les adultes font du téléphone portable. Je ne pense pas pour autant qu'il soit opportun d'aller jusqu'à l'interdiction de l'usage du téléphone portable par les adultes dans les établissements scolaires, d'abord parce que, de façon générale, il est important d'établir une distinction claire entre les règles qui s'appliquent aux élèves et celles qui s'appliquent aux adultes… ,

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