Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du jeudi 7 juin 2018 à 15h00
Lutte contre la manipulation de l'information — Motion de rejet préalable (proposition de loi organique)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

C'est le coeur encore chargé d'émotion que nous apprenions un mois plus tard, dans le Figaro Magazine, que toute l'affaire était en réalité une mise en scène et que les corps exhibés à la télévision provenaient du cimetière de la ville.

Souvenez-vous de l'histoire des bébés assassinés par des soldats irakiens au cours de l'été 1990, à l'hôpital de Koweït City ! Là encore, les grands médias avaient été complètement bernés par le témoignage poignant de la jeune Nayirah, qui racontait, la larme à l'oeil, devant une commission du Congrès américain comment de cruels soldats de l'armée de Saddam Hussein s'étaient introduits dans l'hôpital et avaient ouvert le feu sur des couveuses avant de les renverser par terre, abandonnant les nourrissons sur le sol. Cette fois, la supercherie n'avait été révélée que l'année suivante, par le reporter d'ABC, John Martin, lorsqu'il interrogea les médecins sur place. Plus tard, une enquête nous révélerait que la jeune fille qui avait livré ce témoignage n'était autre que la fille de l'ambassadeur du Koweït à Washington et qu'elle n'avait jamais mis les pieds dans cet hôpital.

J'évoquerai enfin un cas français et récent. Souvenez-vous des attentats de Carcassonne et de Trèbes, perpétrés le 23 mars dernier. BFM TV diffuse une fiche informative sur l'auteur des faits, sur laquelle il est écrit qu'il a été naturalisé français en 2015, soit moins d'un an après avoir été fiché S par nos services de renseignement, alors qu'il a, en réalité, obtenu la nationalité française en 2004. Cette grossière erreur, indigne de journalistes professionnels, déclenche immédiatement une vive polémique sur les réseaux sociaux et provoque à juste titre l'indignation d'un nombre important de nos concitoyens et de nos concitoyennes. L'information n'est corrigée par BFM TV que le lendemain matin, et aucun communiqué explicite concernant l'erreur de la veille n'est diffusé par la chaîne. La directrice de la rédaction ne présentera que de modestes excuses le lundi, par le biais d'une déclaration à l'AFP ; mais le mal est fait et l'indignation perdure.

Si l'influence que peuvent exercer les médias sur les citoyens pendant les périodes électorales inquiète tant le Gouvernement, pourquoi les mesures envisagées ne ciblent-elles que les médias étrangers ? Si l'on considère que certains médias peuvent manipuler l'opinion publique pour favoriser l'élection de tel ou tel candidat, pourquoi ne pas étendre ces mesures aux médias nationaux ?

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