Intervention de Éric Ciotti

Séance en hémicycle du jeudi 6 juillet 2017 à 9h30
Prorogation de l'état d'urgence — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Ciotti :

Cet amendement tend à proroger l'état d'urgence d'une durée plus longue que celle proposée par le Gouvernement. Celui-ci prévoit d'aller jusqu'au 1er novembre ; nous proposons une prorogation de six mois, jusqu'au 15 janvier 2018.

Tout à l'heure, dans la discussion générale, je vous ai indiqué, monsieur le ministre d'État, que le contenu du projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme nous inquiétait. D'abord, sur la forme, nous n'avons aucune garantie que ce texte sera adopté avant le 1er novembre ; tout dépendra des aléas de la navette parlementaire. Ensuite, sur le fond, nous appelons à un débat constructif et responsable, pour faire en sorte de pouvoir sortir de l'état d'urgence – si tel est votre objectif –, mais avec la garantie que les dispositions du texte pourront être utilisées dans le cadre du droit commun. Or ce n'est pas le cas dans le texte que vous nous proposez. Il faut par conséquent un délai supplémentaire.

Souvenez-vous des mésaventures des précédents gouvernements. En évoquant des éléments du bilan en matière de sécurité, vous prenez un risque, car il y a aussi des aspects négatifs. Si vous épousez ce bilan, il faut le faire de façon globale et ne pas vous en tenir à quelques éléments partiels – tout à l'heure, vous avez parlé des effectifs. Souvenez-vous donc de la mésaventure du précédent chef de l'État : le 14 juillet, à midi, il annonçait qu'il allait sortir de l'état d'urgence et, le soir même, il était rattrapé par les événements tragiques qui frappaient cruellement ma ville, Nice.

Un délai supplémentaire est donc nécessaire, et tel est l'objet de l'amendement présenté par le groupe Les Républicains.

1 commentaire :

Le 08/07/2017 à 08:06, Laïc1 a dit :

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"Cet amendement tend à proroger l'état d'urgence d'une durée plus longue que celle proposée par le Gouvernement. Celui-ci prévoit d'aller jusqu'au 1er novembre ; nous proposons une prorogation de six mois, jusqu'au 15 janvier 2018."

Voilà qui pose la question d'une fin éventuelle, même éloignée, de l'état d'urgence : qu'est-ce qui pourrait objectivement mettre fin à l'état d'urgence? La chute définitive de Daech en Irak et en Syrie ? Est-ce à dire que le terrorisme islamique est uniquement lié à Daech, et qu'une fois celui-ci anéanti il n'y aura plus aucun risque de terrorisme ? C'est possible, mais ce n'est pas sûr.

Rien n'est sûr en ce monde, en dehors des sciences expérimentales, et la confiance des Français est émoussée en ce qui concerne la capacité de l'intégralité des musulmans en France à rejeter le terrorisme, d'autant plus que l'on craint le retour des combattants de Syrie et d'Irak, avec justement un risque accru de passages à l'acte sur le territoire national en guise de revanche posthume du califat anéanti. Et l'on craint également un prosélytisme violent accru également du fait de ces retours. Sans oublier que l'intégrisme islamique change souvent de visage, et renaît bien souvent de ses cendres, tel un Phénix maléfique, ou une Hydre de Lerne dont les têtes sans cesse renaissantes une fois coupées n'auraient pas trouvé leur Héraklès.

Le danger, du fait de ces retours, sera ainsi prolongé dans le temps, et ne pourra pas permettre une levée trop rapide de l'état d'urgence.

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