Intervention de Stéphane Viry

Séance en hémicycle du lundi 11 juin 2018 à 16h00
Liberté de choisir son avenir professionnel — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry :

Madame la présidente, madame la ministre, mesdames et monsieur les rapporteurs, mes chers collègues, lors des débats de l'élection présidentielle de 2017, les principaux candidats avaient placé l'apprentissage au rang des priorités de ces cinq prochaines années. Comment pourrait-il en être autrement ? L'apprentissage est un véritable prêt-à-l'emploi des jeunes. Les chiffres n'admettent pas de discussion : plus de 70 % des jeunes en apprentissage sont au travail dans les six mois qui suivent l'obtention du diplôme. Le constat était et est partagé encore aujourd'hui : l'accès à l'emploi par la formation en alternance est trop peu développé dans notre pays, l'employabilité d'une grande partie des demandeurs d'emploi est décroissante et insuffisante, et il est nécessaire de parfaire le système de formation continue. Si nous partageons le constat, nous divergeons sur l'analyse des causes de ce mal français. Je considère, madame la ministre, que votre diagnostic est erroné – par conviction ou par faiblesse.

Si l'apprentissage fonctionne mal, c'est pour deux raisons principales. La première, c'est une période 2012-2017 totalement chaotique et préjudiciable à l'apprentissage. Alors que le quinquennat de Nicolas Sarkozy s'était démarqué en redonnant à l'apprentissage une vraie dynamique, notamment grâce à la loi Cherpion, le quinquennat de François Hollande a vu l'alternance s'effondrer. La cause ? Les errements incessants, les modifications des aides sans informer préalablement les entreprises, les changements de financement, le refus de modifier les statuts, et j'en passe. De tout cela, je peux témoigner puisqu'à l'époque, dans mon rôle d'ambassadeur de l'apprentissage pour le compte de la Fondation Agir contre l'exclusion, FACE, j'y ai assisté, impuissant.

La deuxième raison, c'est le dogmatisme du système éducatif français, cette philosophie des années 1980 qui veut que 80 % des élèves – pour ne pas dire 100 % – obtiennent un bac. Nous avons ainsi dévalorisé l'apprentissage, considérant que c'était une sous-formation, alors que l'apprentissage représente une chance pour les jeunes ; nous devons le dire et le redire. La place réservée à l'apprentissage par l'éducation nationale est révélatrice de la mauvaise exception française. C'est un scandale que l'apprentissage soit seulement proposé comme voie de garage pour les élèves que l'on considère comme pas assez bons pour faire autre chose.

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