Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du mardi 12 juin 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Seuil de pauvreté dans les outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Madame la secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, permettez que j'associe à ma question mon collègue Jean-Philippe Nilor, qui partage pleinement mes interrogations.

Pour l'INSEE, en matière de revenus, nos territoires d'outre-mer sont des contrées lointaines, comme en dehors de la République. En effet, pour des raisons obscures, il y fixe le seuil de pauvreté à moins de 600 euros mensuels, alors que ce chiffre atteint 1 000 euros pour la France hexagonale.

Déjà en 2015, l'INSEE avait chiffré les taux de pauvreté à 19 % en Guadeloupe, 21 % en Martinique et 44 % en Guyane, en retenant un seuil de pauvreté à 60 % non pas du niveau de vie médian national, mais du niveau de vie médian local. En Guyane, ce seuil de pauvreté tombe ainsi à 420 euros nets par mois.

Il en résulte des chiffres qui ne reflètent absolument pas la réalité des difficultés vécues par les populations, puisque le coût de la vie y est beaucoup plus élevé. Toujours selon l'INSEE, les prix sont ainsi supérieurs de 13 % en Guyane, 9,7 % à la Martinique et 8,3 % en Guadeloupe, avec des prix particulièrement élevés pour les denrées alimentaires – plus 30 % – dans les trois territoires.

La mauvaise connaissance des revenus outre-mer et les différences de fiscalité ne peuvent pas expliquer à elles seules l'utilisation d'un seuil différent dans ces territoires. Pourquoi ne pas faire de même en Seine-Saint-Denis ou dans la Nièvre ? Au fond, le calcul de l'INSEE revient à considérer que la population ultramarine la plus défavorisée doit se satisfaire d'une norme de niveau de vie inférieure. On cache ainsi la misère qui règne dans nos territoires et les inégalités qui y demeurent.

En définitive, ces statistiques en disent long sur l'intérêt porté aux territoires ultramarins, qui explique, du moins en partie, l'incapacité des pouvoirs publics nationaux à comprendre nos difficultés. D'où les mouvements sociaux qui secouent régulièrement les outre-mer et qui doivent être vus comme autant d'avertissements de l'urgence qu'il y a à mettre en oeuvre des politiques publiques basées sur des indicateurs plus fiables.

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