Intervention de émilie Counil

Réunion du jeudi 24 mai 2018 à 13h00
Commission d'enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l'industrie risques chimiques, psychosociaux ou physiques et les moyens à déployer pour leur élimination

émilie Counil, enseignante-chercheuse en épidémiologie et biostatistiques à l'École des hautes études en santé publique (EHEST), membre du GISCOP :

Je partage le constat établi par William Dab selon lequel beaucoup de données dorment alors qu'elles pourraient être assemblées et mises à la disposition de la recherche utile à l'action. Toutefois, il existe une tension entre la nécessité de disposer de données générales, issues du système de santé et des grandes enquêtes nationales, et celle d'élaborer des enquêtes ad hoc.

Pour cerner les inégalités sociales face au cancer, la France n'a que de faibles moyens. Prenons la mortalité par cancer. Les données du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) géré par l'INSERM ne permettent pas d'établir un lien entre les causes du décès et le parcours professionnel. En outre, il y a eu une longue interruption dans le temps dans les possibilités d'appariement des différentes sources de données, notamment celles de l'échantillon démographique permanent et du CépiDC.

Pour croiser ces données, les chercheurs se heurtent à plusieurs problèmes. Il y a d'abord l'incomplétude des données relatives aux personnes nées ou décédées à l'étranger qui n'ont généralement pas les mêmes parcours professionnels. Une partie du spectre des inégalités sociales liées au travail ne peut donc être mis en évidence du fait d'un mécanisme d'invisibilisation statistique. Il y a ensuite une inadéquation des données disponibles qui ne permettent pas de reconstituer l'ensemble du parcours professionnel. Il y a encore les difficultés d'accès aux données, les procédures étant assez lourdes. L'ouverture des données de santé nous laisse toutefois espérer une amélioration.

Reste qu'il faudra continuer à mener des études ad hoc car il s'agit de populations qui demeurent invisibles dans l'appareil statistique national.

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