Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mercredi 6 juin 2018 à 18h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

La mise en oeuvre de la clause d'impact jeunesse mériterait une réflexion peut-être plus approfondie, même si l'idée est intéressante ; nous pourrions y travailler avec vous. Quant au CEC, il n'a pas vraiment été mis en oeuvre, mais pourrait l'être au cours des prochaines années.

Madame Descamps, vous me demandez quelle est la logique du recrutement des AESH. Les conditions d'ancienneté sont passées de deux ans à neuf mois, ce qui nous permet de faciliter le recrutement tout faisant en sorte que les personnes concernées aient un minimum d'expérience. Et les contrats de trois ans, renouvelables une fois, offrent plus de stabilité que les contrats aidés.

Mme Anthoine et M. Reiss m'ont interrogé sur la ruralité. Je vais essayer de leur faire une réponse constructive, car je crois qu'il y a un vrai problème et un faux problème. Et nous gagnerions tous à regarder le vrai problème et à ne pas nous laisser distraire par le faux problème.

Le vrai problème, c'est la baisse démographique en milieu rural, et plus généralement la baisse démographique en France depuis quatre ans environ. Nous pouvons le constater au travers des chiffres de l'éducation nationale : entre 30 000 et 40 000 élèves en moins chaque année pour une cohorte de 750 000 à 800 000 enfants habituellement attendus en France. C'est donc un sujet structurel sur lequel il faut être attentif, d'autant qu'une bonne partie de cette baisse de 30 000 à 40 000 élèves est le fait du milieu rural. Cela suppose une stratégie de rebond pour la ruralité qui devrait faire l'objet d'un consensus national et d'une stratégie nationale. Pour ce qui concerne l'éducation nationale, je suis tout à fait disposé et même déterminé à jouer sur la vitalité de l'école rurale afin de recréer des éléments d'attractivité en milieu rural.

La mise en oeuvre, dans chacun des soixante-six départements ruraux, d'un contrat de ruralité permettra d'avoir une vision pluriannuelle des sujets dans une approche quantitative, et plus encore qualitative, et de restaurer cette attractivité dont nous avons besoin. Lorsque le président de la République s'est rendu dans une école de l'Orne pour le journal télévisé de treize heures, il a bien rappelé l'importance de l'école rurale dans ce département éminemment rural, mais il a voulu montrer une école qui fonctionnait bien, une école qui attire, qui incite les familles à ne pas partir et même d'autres à venir s'installer, parce que toute une dynamique a été créée. C'est à ce type de stratégie que vous appelez et c'est ce que je souhaite aussi ; j'aimerais donc qu'une certaine unité se manifeste autour de cet enjeu de long terme pour lequel on ne peut être que mobilisé.

La manière dont nous concevons notre budget peut permettre de soutenir cette politique ; nous avons là-dessus un désaccord, mais évacuons le faux problème : il n'est pas question de déshabiller le Pierre rural pour le Paul urbain. Sur les 3 800 créations de postes prévues pour la rentrée prochaine, environ 3 000 à 3 200 – en fonction des ultimes ajustements – sont consacrées aux dédoublements de classe de CP et de CE1 – ce sont donc bien des postes supplémentaires qui sont créés pour cette politique publique que nous assumons pleinement ; ce qui laisse environ 600 à 800 postes pour d'autres politiques, et notamment la politique de soutien à la ruralité. C'est ce qui nous a permis de supprimer beaucoup moins de postes que ce qui aurait été le cas en temps ordinaire en suivant l'évolution de la démographie. Autrement dit, monsieur Reiss, pour votre département, comme pour n'importe quel département rural de France, le taux d'encadrement sera amélioré à la prochaine rentrée : il pourra n'y avoir qu'une légère baisse du nombre de postes liée à la diminution du nombre d'élèves, ou aucune de suppression de postes ; il pourra même parfois y avoir des créations de postes. Et ce n'est pas M. Di Filippo qui me contredira puisque vingt postes ont été créés en Moselle alors que son département a connu une baisse de 1 000 élèves.

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