Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du jeudi 14 juin 2018 à 15h00
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 7

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Cela étant, il y a de nombreuses zones rurales dans lesquelles les CFA fonctionnent très bien – les maisons familiales rurales, les chambres de métiers, les chambres de commerce et les compagnons du devoir sont en zone rurale et ont de belles perspectives de développement.

Mais lorsqu'un bassin d'emploi rencontre des difficultés ou se trouve enclavé, il vaudra mieux conserver une offre de proximité, notamment pour les formations aux niveaux V et IV. La famille d'un jeune de seize ans n'a pas forcément envie qu'il parcoure 100 kilomètres chaque jour ni qu'il se retrouve en internat. D'ailleurs, on ne trouve pas d'internats partout et tout le monde n'est pas prêt à y aller, ce qui se comprend.

Le maillage du territoire est donc important. Le coût au contrat, s'il était un système d'offre et de demande, permettrait de couvrir les besoins. Il s'agit seulement de réguler, d'ajouter quelque chose dans les cas, minoritaires, où le maintien d'un CFA en zone rurale serait jugé essentiel pour le bon développement du territoire.

C'est pourquoi nous avons prévu une dotation de 250 millions d'euros destinée aux régions, ce qui correspond environ à 20 % des places. Une première estimation, pilotée par les régions, chiffrait les besoins à 280 millions d'euros. Nous nous sommes arrêtés à 250 millions, car nous n'avions pas retenu la même méthode de calcul. Le chiffre est ensuite monté à 380 millions. J'invite cependant tous ceux qui répètent ce chiffre en boucle à revoir la méthode d'évaluation, car elle ne tient pas la route.

Je suis pragmatique. Plutôt que de mener un combat idéologique, j'ai proposé aux régions de lancer une mission flash dans laquelle la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle ainsi que les services régionaux éplucheraient les comptes de tous les CFA, feraient des simulations avec le coût au contrat basé sur la moyenne – soit plutôt de l'ordre de 6 000, 4 000, 8 000 euros que de l'ordre de 2 000, en tout cas dans de nombreuses régions. Nous verrons ensuite. S'il ressort qu'il faut 200 millions d'euros, nous donnerons 200 millions. S'il faut 300 millions, nous donnerons 300 millions. Il ne s'agit pas tant des financements que de dire la vérité et de permettre à tous les CFA de se développer.

Nous avons engagé ce travail dans quatre régions : en Bourgogne Franche-Comté, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Centre-Val-de-Loire, et bientôt dans le Grand Est. Le travail se poursuivra pour vérifier que tout fonctionne correctement.

Concernant les branches, soyons clairs : on ne transfère pas l'argent des régions aux branches. On le transfère directement au CFA par l'intermédiaire de l'opérateur de compétences. Chaque fois qu'un CFA signe dix contrats supplémentaires, à 6 000 euros chacun par exemple, il touchera 60 000 euros en plus. Cette somme est automatiquement versée par l'opérateur de compétences, qui n'a pas à justifier quoi que ce soit. Dès lors qu'il a des jeunes et des entreprises, il peut se développer. Ce système est très différent de celui qui prévaut aujourd'hui.

Du reste, c'est ainsi que fonctionne le contrat de professionnalisation, qui se développe sans qu'on en parle, pour la bonne raison que c'est simple.

Même si on accélère le regroupement des branches, je suis d'accord qu'on ne peut pas attendre que toutes les branches soient en état de gérer les financements directement, car il en reste encore 650. Nous approcherons les 200 à la fin de l'année. Cela étant, ce n'est pas un problème, puisque ce n'est pas la branche qui reçoit l'argent et qui décide à qui le verser, mais l'opérateur de compétences qui joue le rôle d'intermédiaire auprès de chaque CFA et décide des financements en fonction des contrats.

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