Intervention de Francis Vercamer

Séance en hémicycle du jeudi 14 juin 2018 à 15h00
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancis Vercamer :

J'ai rendu plusieurs rapports sur la santé au travail et la médecine du travail au cours des précédentes législatures. Un de mes rapports a même inspiré la réforme de la médecine du travail il y a quelques années.

Cette disposition me surprend ; je pense que les parlementaires qui l'ont adoptée en commission n'en ont pas mesuré toute la portée. Je ferai plusieurs observations. La première est que la médecine du travail est une spécialité médicale : le médecin de ville n'a pas les compétences pour faire de la médecine du travail.

Deuxième observation : les entreprises cotisent pour la médecine du travail. Qui paiera le médecin de ville ? Troisième observation : la question de la traçabilité en matière de médecine du travail a déjà fait l'objet d'amendements dans des textes précédents, et les ordonnances ont été dans le même sens. Cette question se pose avec davantage d'acuité dans la période actuelle, où il est difficile de faire la transition entre le temps de travail et le temps de retrait, si je puis dire, pour connaître la réalité des expositions professionnelles. Madame la ministre, vous avez bien voulu considérer que ces amendements étaient importants et vous les avez même acceptés, bien que les jugeant un peu prématurés.

Et voilà que l'alinéa 1 de l'article 7 autorise les jeunes à se rendre chez leur médecin de ville pour la visite d'information et de prévention, alors qu'ils sont particulièrement vulnérables, puisqu'ils entrent en apprentissage. Or le médecin de ville, qui ne connaît ni la médecine du travail ni l'entreprise, ne peut pas non plus assurer la traçabilité. Je tiens tout de même à vous rappeler que, selon l'article L. 4622-2 du code du travail, les services de santé au travail « conduisent les actions de santé au travail », « conseillent les employeurs, les travailleurs et leurs représentants », « assurent la surveillance de l'état de santé des travailleurs » et « contribuent à la traçabilité des expositions professionnelles ».

Comment est-il possible, dans ces conditions, de demander à la médecine de ville d'assurer la prévention dans le cadre de la visite d'embauche ? C'est aller trop loin. Le risque est important, non pas d'une dérive vers la suppression de la médecine du travail – ce n'est pas dans l'air du temps – , mais, pour ces jeunes apprentis, de passer à côté d'une véritable prévention à leur entrée dans l'entreprise.

Telle est la raison pour laquelle j'ai déposé cet amendement de suppression de l'alinéa 1.

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