Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du vendredi 15 juin 2018 à 21h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 30

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Nous nous étions déjà opposés à l'augmentation de la CSG pour les retraités lorsque le Gouvernement l'avait inscrite dans le PLFSS pour 2018.

Nous y sommes toujours fermement opposés et nous avons toutes les raisons de continuer à l'être. Alors que 42 % des mesures fiscales du Gouvernement ne profitent qu'aux 5 % des Français les plus riches, la hausse de la CSG a eu des conséquences directes et déplorables sur le pouvoir d'achat des retraités.

Tandis qu'il donnait 400 000 euros aux 1 000 plus gros contributeurs à l'ISF, le Gouvernement – votre gouvernement – ponctionnait les retraités modestes de 300 euros par an pour un retraité percevant une pension de 1 400 euros, et de 350 euros par an pour un retraité percevant une pension de 1 700 euros.

Dans tous les domaines, notre groupe est attaché à la progressivité de l'effort, notamment à la progressivité de l'impôt. Or la CSG est particulièrement injuste, puisqu'elle s'applique au même taux à tous les contribuables assujettis.

Nous remettons en cause la vision selon laquelle une personne retraitée percevant 1 200 euros par mois pourrait être considérée comme assez aisée pour être mise à contribution. De surcroît, ces personnes participent à la relance de l'activité grâce à leur consommation courante et renforcent le marché intérieur, contrairement aux bénéficiaires de la transformation de l'ISF – impôt de solidarité sur la fortune – ou de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique, dont l'activité économique est souvent virtuelle et spéculative.

Les adaptations promises par le Gouvernement sont totalement insuffisantes. Madame la ministre, seuls 100 000 retraités seraient concernés par l'annulation de l'augmentation, mais la grande masse, elle, sera toujours pénalisée. Les effets néfastes de cette mesure n'ont pourtant pas tardé, puisque le pouvoir d'achat et la consommation des retraités de la médiane inférieure sont d'ores et déjà en baisse.

Enfin, nous alertons sur le basculement du financement de la Sécurité sociale des cotisations vers l'impôt, qui est contraire à l'esprit de la Sécurité sociale. C'est un point crucial. En effet, tout notre système social est adossé à la production – au produit intérieur brut, diraient certains – et repose sur un socle progressif. Si nous le basculons vers l'impôt, tout devient possible, et les détériorations pourraient être plus importantes encore.

Nous renouvelons donc notre demande de suppression de l'augmentation de la CSG. Le Gouvernement doit cesser de faire la sourde oreille et écouter la masse des Français, qui jugent votre politique injuste. C'est pour eux que vous devez agir, que nous devons agir, pas pour une poignée de rentiers privilégiés.

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