Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 19 juin 2018 à 21h45
Lutte contre la pollution du transport maritime et promotion des carburants marins alternatifs — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Madame la présidente, madame la secrétaire d'État, monsieur le rapporteur général, monsieur le rapporteur spécial, mes chers collègues, « plus que toute raison morale, sociale ou politique, c'est l'épuisement des ressources naturelles qui condamne à court terme le modèle de l'individualisme libéral », écrit l'essayiste Hervé Juvin. Et, dans cet épuisement des ressources naturelles, le transport maritime a sa part de responsabilité.

Soit dit en passant, avec la révolution qu'a représentée le conteneur, entraînant l'effondrement des prix du transport, le transport maritime n'est pas pour rien dans ce que l'on pourrait appeler la fin des distances, synonyme de fruit chilien venant concurrencer nos productions locales. Mais c'est un autre sujet, quoique…

Le transport maritime, donc, a longtemps boudé les questions écologiques. On peut le comprendre lorsque l'on sait qu'il représente 90 % du trafic mondial de marchandises et que quasiment tous les navires utilisent le fioul comme carburant. Ce trafic représente aujourd'hui environ 2,5 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Face à ces chiffres, en avril dernier, 173 États membres de l'Organisation maritime internationale se sont réunis pendant deux semaines afin d'élaborer un plan de réduction de ces gaz à effet de serre dans le transport maritime.

Ces 173 États se sont engagés à réduire leurs émissions de 50 % d'ici à 2050, par rapport à ce qu'elles étaient en 2008. Cet engagement doit être salué : le transport maritime était le dernier secteur de l'économie mondiale à rester à l'écart de l'accord de Paris sur le climat.

Mieux encore, il a été annoncé que, en 2030, nous serions en état de construire rien moins que des navires zéro émission. Il nous faut pourtant rester prudents. N'est-ce pas Emmanuel Macron lui-même qui, lors du sommet de Paris il y a quelques mois, expliquait : « On est en train de perdre la bataille. On ne va pas assez vite, c'est ça le drame. [… ] On doit tous bouger car on aura tous à rendre des comptes. »

Et il a raison, à l'heure où les canicules extrêmes sont passées du stade de menace à réalité, où, dans l'océan Arctique, la banquise est de moins en moins étendue, où, en Antarctique, il pleut au lieu de neiger, où la montée des eaux s'accélère, où les coraux sont en train de mourir un peu partout dans le monde. Et j'en passe, bien entendu.

Certains scientifiques, très pessimistes, affirment que la machine infernale est en marche. Ainsi, la concentration de dioxyde de carbone ayant atteint un niveau record en 2016, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale a interpellé la communauté internationale en affirmant que « nous ne progressons pas du tout dans la bonne direction » – un euphémisme.

Face à cette véritable menace pour notre humanité, il est urgent de se rassembler derrière toutes les propositions de bon sens, qui vont vers une réduction des substances polluantes.

Je soutiens donc cette résolution sans me demander qui la porte, sans mêler la politique politicienne à un sujet qui est affaire de bien commun. Comme les auteurs de ce texte, je crois aussi en la nécessaire transition énergétique du transport maritime vers le gaz naturel liquéfié, en l'installation de bornes de branchement électrique à quai dans les ports, en une politique d'investissement courageuse pour travailler sur des modes de propulsion moins polluants pour les navires.

Je soutiens également la création en mer Méditerranée d'une zone de contrôle des émissions, dite zone ECA, pour limiter encore davantage les émissions d'oxyde de soufre et d'azote.

Je voudrais, en conclusion, citer une nouvelle fois Hervé Juvin qui, dans son dernier ouvrage, France le moment politique, sous-titré – et nous sommes au coeur de notre discussion de ce soir –Manifeste écologique et social, écrit : « Nous le savons tous : ceux qui maltraitent sciemment la terre et les animaux ne traitent pas mieux les hommes. » Et d'ajouter : « Ce siècle sera celui de l'écologie politique, celui du pouvoir des sociétés sur leur économie, ou bien il sera celui de la fin de l'aventure humaine. »

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