Intervention de Pierre-Franck Chevet

Réunion du jeudi 7 juin 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Pierre-Franck Chevet :

J'ai déjà été amené à expliquer, y compris lors du débat qui a précédé la loi de transition énergétique pour la croissance verte, que l'ASN pouvait se trouver en situation, parce que le parc est générique et homogène, de devoir faire face à une anomalie touchant simultanément plusieurs réacteurs et nous conduisant, pour des raisons de sûreté, à en demander l'arrêt. J'avais alors donné un ordre de grandeur d'une dizaine de réacteurs. À l'époque, en 2013, un avis écrit et public avait été produit par l'ASN à ce sujet. C'était alors l'expression d'une possibilité réelle que ce phénomène puisse se produire. Or il se trouve que cette possibilité s'est avérée pendant l'hiver 2016-2017, puisque nous avons été amenés à arrêter douze réacteurs, sur une période de trois mois, pour des problèmes suspectés d'excès de carbone dans certains générateurs de vapeur, qu'il fallait donc aller contrôler. Le réseau a ainsi été sous très forte pression jusqu'en février 2017. Cela s'est plutôt relativement bien passé, mais s'est joué à un ou deux degrés d'écart de température, ce qui n'est pas très confortable. Il n'est pas exclu que ce type d'événement se reproduise. Nous souhaitons donc que les politiques en tiennent compte dans leurs politiques énergétiques, afin que l'on dispose de marges dans le système électrique.

Il ne m'appartient pas, en tant qu'autorité indépendante, de répondre à l'autre volet de votre question. Ayant quelques connaissances dans ce domaine, je puis simplement vous indiquer que cela pourrait se faire par exemple en cherchant vers les effacements de consommation ou vers d'autres formes de production, y compris en passant par des réservations de capacité à l'étranger.

Cette situation est la conséquence de la standardisation du parc, qui a par ailleurs été plutôt une très bonne chose en matière de sûreté, puisque dès lors qu'une anomalie est découverte tôt, il est relativement simple de mettre au point la réparation appropriée et de la déployer. Cela présente donc un réel intérêt pour la sûreté, à condition que les anomalies soient détectées précocement, ce que nous nous attachons à faire, sans toutefois pouvoir le garantir. J'en veux pour preuve le problème rencontré voici deux ans sur les générateurs de vapeur.

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