Intervention de Jacques Witkowski

Réunion du jeudi 7 juin 2018 à 11h15
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Jacques Witkowski :

Je confirme bien évidemment les données de M. le ministre d'État. Nous avons historiquement réparti les moyens en deux strates. Chaque service départemental d'incendie et de secours (SDIS) ayant dans son périmètre un CNPE dispose ainsi des moyens radiologiques pour intervenir. Tout ceci est détaillé dans les réponses écrites au questionnaire que vous nous avez adressé.

La deuxième strate est constituée des moyens nationaux : la sécurité civile dispose de trois régiments militaires totalement intégrés au ministère de l'intérieur et possédant d'importants moyens, dans tous les domaines d'intervention, dont celui-ci. Ces unités doivent venir en renfort, dans des délais contractuels, que je confirme. Le niveau des personnels qui les composent se décline en quatre diplômes : RAD1, RAD2, RAD3 et RAD4. La formation de niveau 1 dure une semaine, celle de niveau 2 quinze jours. Le niveau 4 est le niveau expert : il n'est délivré que par l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) d'Aix-en-Provence. Nous veillons en permanence à ce que le vivier soit alimenté, ce en quoi nous n'éprouvons aucune difficulté car ce domaine d'expertise attire et intéresse des personnels de bon niveau. Nous menons aussi beaucoup d'études de matériel avec les industriels. Je vous confirme donc que nous sommes en capacité de répondre à tous les risques aujourd'hui dimensionnés dans ce domaine.

S'il le fallait, le ministère des armées dispose par ailleurs de moyens surnuméraires, auxquels nous ferions appel une fois mobilisée la totalité de nos propres moyens.

Tout ceci est à mettre en lien avec l'aspect quantitatif et la question sanitaire que vous souleviez : nous pouvons déployer dans les vingt minutes 2 000 tenues légères de décontamination d'urgence et 600 tenues filtrantes, un peu plus lourdes, pour les personnels. Nous consacrons à cette mission environ 12 millions d'euros par an, essentiellement en renouvellement de matériel. Ce matériel est acheté en lien avec le secrétariat général de la défense nationale. Les services d'incendie et de secours achètent leurs matériels. Tout ceci est stocké dans les centres d'intervention de proximité, ainsi que dans des centres un peu plus éloignés, afin de permettre également une éventuelle intervention depuis l'extérieur.

L'aspect sanitaire et médical dépend de Mme la ministre de la santé. Bien évidemment, la partie sanitaire est incluse dans les exercices que nous conduisons régulièrement dans le cadre des PPI. Nous envisageons par exemple les modalités d'évacuation d'une victime lourdement blessée d'une zone extrêmement contaminée vers l'extérieur et jusqu'à l'hôpital, avec les personnels formés à cette fin et les matériels de protection adaptés. Le retour d'expérience montre toutefois que les pathologies radio-induites très lourdes, nécessitant une hospitalisation immédiate, sont extrêmement rares. Les dernières constatées concernaient les personnes qui étaient allées à l'intérieur du foyer de Tchernobyl.

Nous disposons évidemment des moyens médicaux locaux, qui constituent le noyau de base. La direction générale de la sécurité civile a par ailleurs entre 11 000 et 12 000 personnels soignants dans ses forces – médecins, infirmiers –, dont beaucoup sont spécialisés. Je dispose également auprès de moi de trois conseillers médicaux, dont une pharmacienne générale, tous fortement spécialisés dans ce domaine. Les armées disposent en outre, bien évidemment, d'une expertise médicale importante, dans la mesure où les médecins militaires bénéficient d'une formation obligatoire dans le domaine radiologique et chimique.

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