Intervention de Laura Flessel

Réunion du mercredi 2 août 2017 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Laura Flessel, ministre des sports :

Je suis ministre des sports de tous les Français ! J'ai été présidente du Comité Éthique et Valeurs du Sport, au sein duquel nous combattions le racisme, le sexisme, l'homophobie et l'handiphobie ; cela fait donc plus de quinze ans que je suis une fervente défenseure de la pratique sportive en situation de handicap. Il va sans dire que cela continuera et que ce sera un axe très important de mon action.

Je me suis rendue à l'INSEP en compagnie d'Emmanuelle Assmann, présidente du Comité paralympique et sportif français et de Denis Masseglia, président du CNOSF. De fait, nous entendons travailler en étroite relation avec ces deux organismes afin de bien prendre en compte les différences dans la pratique sportive.

Aujourd'hui, lorsque nous évoquons les sportifs qui préparent les Jeux olympiques et paralympiques, nous ne parlons que de sportifs. À ce titre, même si une action particulière doit être conduite sur le plan de l'éducation et de la formation, avec des coaches formés à cet effet, nous réfléchissons à des bourses destinées non pas aux valides ou aux handicapés, mais fondées sur le seul critère de l'excellence, car notre objectif est de réunir les deux mondes.

Depuis plus de dix ans, en tant que sportifs, nous portons le flambeau de la transformation de la société et de l'acceptation de la pratique handisport. Nous allons renforcer ces actions, et sans attendre 2024 !

Nous travaillons en étroite relation avec Emmanuelle Assmann, notamment à la détection dès le plus jeune âge des handicaps, singulièrement des handicaps non visibles. Nous sommes aussi très actifs dans l'élaboration du quatrième plan autisme car, si les thèmes de l'éducation, de la valorisation, de la culture et de la sculpture y sont abordés, il convient d'insister aussi sur la pratique des activités physiques, qui permet aux jeunes autistes de trouver un équilibre.

La médiatisation et la mise en valeur de la pratique sportive des handicapés sont en retard, comme l'est la lutte contre le racisme, le sexisme et l'homophobie. Si j'ai rencontré la quasi-totalité des médias depuis ma prise de fonctions, c'est non seulement pour présenter la candidature de Paris à l'organisation des jeux olympiques, mais également pour promouvoir le programme « Sport et citoyenneté », car il faut aussi faire évoluer le regard que les médias portent sur la citoyenneté et sur tous les projets.

Une prise de conscience s'opère ; elle doit être accompagnée. Nous sommes parvenus à améliorer la médiatisation de la pratique du sport au féminin, nous voulons faire de même pour la pratique sportive des handicapés.

Nous nous rapprocherons aussi de l'armée, car beaucoup de nos militaires reviennent handicapés des théâtres de combat et nourrissent le sentiment qu'il n'y a pas de deuxième vie après la blessure. Dès le mois de septembre, nous nous rapprocherons du Cercle Sportif de l'Institution nationale des Invalides et des hôpitaux militaires afin de lancer un programme d'inclusion dans le monde sportif.

D'ores et déjà, plusieurs programmes s'adressent aux jeunes – et aux moins jeunes – handicapés à la suite d'accidents. Deux grands champions, Michaël Jeremiasz et Ryadh Sallem, ont créé des associations encourageant la deuxième vie après l'accident. Ils nous ont présenté leurs programmes pour aller chercher ces jeunes, qui pourraient refuser leur aide, mais qui ne pourront refuser celle de ceux qui sont eux-mêmes passés par là.

Nous allons donc créer un cercle de sportifs experts – valides et « handi », je ne les distingue pas – qui valideront nos projets sur le terrain. Par ailleurs, je l'ai dit, nous sommes soucieux de renforcer les compétences. Ainsi, puisqu'à la fin de chaque cycle, qu'il s'agisse des Jeux olympiques ou des mondiaux, les entraîneurs et les sportifs changent, nous comptons créer une task force qui nous permettra de les utiliser, qu'ils soient valides ou paralympiques, pour atteindre de hautes performances et éviter qu'ils n'exportent leur savoir-faire à l'étranger.

En ce qui concerne la taxe « Buffet », nous devons nous inscrire dans une logique collective. Nous réfléchissons à une nouvelle régulation, mais une nouvelle taxe, me semble-t-il, ne serait pas pertinente.

J'en viens à la Guyane. Ayant grandi en Guadeloupe, j'ai moi-même participé aux compétitions panaméricaines et centraméricaines, et cela ne m'a pas empêchée d'être sélectionnée en équipe de France. J'entends ce que vous dites, Monsieur Adam, mais, outre-mer comme en métropole, il y a un pays, un drapeau, un hymne. Cependant, nous avons commencé à travailler avec les îles panaméricaines et centraméricaines afin de nouer des partenariats pour que les jeunes sportifs puissent participer à des compétitions intracaribéennes et panaméricaines, même si, pour sa part, Florent Malouda ne pourrait être membre d'une sélection locale.

J'ai été détectée à quatorze ans, mais je n'ai quitté la Guadeloupe qu'à dix-huit ans, car ce département était doté des infrastructures nécessaires pour que je puisse rester sur place. En tout état de cause, partir trop tôt, c'est un déracinement. Nous avons engagé, avec Mme Girardin, une réflexion sur le sport outre-mer ; il s'agit d'utiliser les forces vives caribéennes et de veiller à ce que nos jeunes ne partent pas trop tôt. J'ai fait partie de l'équipe de la Guadeloupe, puis de l'équipe de France ; j'ai été désignée porte-drapeau aux JO de 2012, et je suis aujourd'hui ministre des sports. C'est donc possible ! Néanmoins, il existe, c'est vrai, un frein financier. Nous nous sommes rendus en Guadeloupe et en Martinique et nous nous rendrons en Guyane, à Mayotte et à La Réunion, afin de trouver les moyens qui permettront aux « domiens » de venir en métropole plus souvent, sans se sentir déracinés. Une Maison de l'outre-mer, par exemple, pourrait accueillir les chanteurs, les peintres et les sportifs originaires d'outre-mer et leur permettre de se retrouver le temps d'un week-end. Je l'ai dit en Martinique et je le répète ici : nous sommes fiers de notre double culture mais, au niveau international, nous représentons la France. Cela ne nous empêchera pas de continuer à travailler car nous avons là une pépinière de champions.

Vous dire que le budget du ministère permettra de satisfaire tous les besoins des collectivités territoriales créerait de fausses attentes. Aujourd'hui, nous sommes obligés de revoir chaque ligne budgétaire et chaque projet. Ne nous voilons pas la face : c'est très difficile. Nous devons être ingénieux dans les arbitrages et combiner les apports de l'État et ceux des collectivités territoriales. Nous ne sommes qu'au commencement : même si nous espérons qu'un budget stable nous permette de pérenniser les actions, il est trop tôt pour dire ce que nous allons retirer, arrêter ou transformer. Néanmoins, nous entendons respecter les quatre axes que j'ai présentés.

La question d'une nouvelle loi sur le sport professionnel n'a pas encore fait l'objet d'un arbitrage définitif du Premier ministre. Toutefois, certains points doivent être revus. Nous allons donc entamer un travail interministériel sur les articles 16 et 17 de la loi du 27 novembre 2005 visant à protéger les sportifs de haut niveau et professionnels et à sécuriser leur situation juridique et sociale. Je ne peux pas vous en dire plus, car nous recevons actuellement les syndicats de sportifs, qui ont fait état des problèmes qu'ils rencontrent.

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