Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 6 juin 2018 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Le rapport est très intéressant et j'en félicite l'auteur. Néanmoins, je ne partage pas du tout votre enthousiasme ni votre appel à voter sans réserve. Au contraire, ce sont beaucoup de réserves qui me viennent à l'esprit avec la Nouvelle-Zélande, y compris en matière de rugby et de manière tout aussi émouvante. Mais regardons les choses comme elles sont. D'abord, la France n'a pas besoin de la Nouvelle-Zélande pour être présente dans cette région du globe, puisqu'elle a la Nouvelle-Calédonie. Ensuite, le modèle d'agriculture de la Nouvelle-Zélande est le prototype de l'agriculture productiviste, qui fait une concurrence déloyale aux producteurs européens, je pense notamment à la production d'ovins, dans la mesure où la viande qui arrive de ce pays est un sous-produit de la laine. Par conséquent, les producteurs européens sont battus sur tous les plans, à chaque fois qu'arrive une carcasse de Nouvelle-Zélande, peu importe son état ou le nombre de fois qu'elle a fait le tour de la Terre (c'est le point le plus éloigné des partenaires commerciaux que nous pouvons avoir). C'est une agriculture productiviste, qui émet deux fois plus de CO² que les autres modes de production. Il faut 2000 litres d'eau en Nouvelle-Zélande pour produire un litre de lait, et ainsi de suite. Par conséquent, nous n'avons pas de raison de manifester de l'enthousiasme à propos des échanges en matière agricole. J'ajoute que l'idée que la France puisse être le point d'entrée de la Nouvelle-Zélande en Europe à la place des Anglais n'est pas un sujet de réconfort, mais plutôt d'inquiétude. J'ajoute que c'est la première fois que l'Union européenne s'est arrangé pour ne pas reproduire les « inconvénients » de la discussion sur le CETA. L'accord a été coupé en deux, la partie que nous voyons ici et la partie sur les investissements, qui ne sera discutée que par le Parlement européen. Nous avons donc à faire un texte « post-CETA », tenant compte des inconvénients du CETA, non pas pour les gens mais pour la Commission européenne, qui veut en dessaisir à chaque fois toute l'Europe. Voilà pourquoi, pour ma part, je ne voterai pas ce texte même si j'ai une grande affection pour les Néozélandais, sauf en rugby.

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