Intervention de Pierre Meneton

Réunion du mardi 26 juin 2018 à 11h00
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Pierre Meneton, chercheur épidémiologiste :

Je ne sais ce qu'il en est aujourd'hui des moyens qui seraient nécessaires à l'application de telles mesures – je pense au rôle de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) –, mais ce que j'entends ne me paraît pas très positif.

La faisabilité strictement matérielle d'une réduction des teneurs en sel des aliments allant jusqu'à 50 % a été démontrée par de multiples études dans différents pays. Cette réduction ne rencontre aucun obstacle – cela se vérifie, par exemple, en termes d'accoutumance du consommateur – à une exception près s'agissant du chiffre d'affaires de l'industrie agroalimentaire. En effet, comme les graisses et les sucres, le sel ajouté dans l'alimentation constitue un puissant moteur de consommation.

Cela concerne la consommation de boissons, vous avez raison, monsieur le président. Pour tous les mammifères terrestres, la relation directe entre la consommation de sel et l'absorption de boissons a été parfaitement démontrée. Plusieurs études montrent que l'ajout de sel dans les aliments par le secteur agroalimentaire fait en moyenne boire un demi-litre supplémentaire par jour et par personne dans un pays comme la France. Sur 1,6 litre bu chaque jour par un individu type, 0,5 litre l'est en raison de l'ajout de sel. Les boissons concernées sont aussi bien l'eau du robinet, l'eau minérale que des boissons sucrées…

Très honnêtement, je ne pense pas qu'il y ait une collusion entre les industries de l'agroalimentaire et celles qui produisent les boissons. En général les fabricants de produits alimentaires transformés ne sont pas producteurs de boissons. Qu'il y ait une collusion de fait…

Du côté des fabricants de boissons, on trouve relativement peu de PME et beaucoup de très grandes entreprises qui sont parfaitement au courant de ce que nous disons ce matin sur le sel, et depuis très longtemps. Ils voient d'un très mauvais oeil toute diminution de la consommation de sel dans la population française, car ils savent que, d'une certaine façon, cela entraînerait la diminution de la consommation de boissons. On peut donc imaginer que ces entreprises font tout pour éviter la mise en place d'une législation comme celle dont nous avons parlé.

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