Intervention de Alexandre Grillat

Réunion du jeudi 14 juin 2018 à 9h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Alexandre Grillat, secrétaire national Affaires publiques et Relations institutionnelles (CFE-CGC) :

À l'instar de mes collègues, je ne ferai pas de déclaration liminaire longue, mais peut-être mettrons-nous en avant quelques points saillants avant de préciser les réponses que nous apporterons lors des échanges qui suivront.

La question de la sûreté nucléaire repose en partie sur des facteurs humains. Assurer la sûreté nucléaire, et plus largement la sécurité, suppose que les salariés de la filière nucléaire travaillent dans la sérénité. Cela nous amène à mettre en avant des éléments de contexte qui peuvent expliquer l'état d'esprit des salariés de la filière.

Aujourd'hui, l'avenir de la filière nucléaire manque de visibilité. Donner de la visibilité contribuerait donc à la sérénité dont les salariés du nucléaire ont besoin pour exercer leur métier et pour relever les défis de la sûreté.

Il ne faut pas occulter le versement de très nombreux dividendes par la filière nucléaire française depuis l'ouverture des marchés et les introductions en bourse des premiers principaux opérateurs que sont Orano, anciennement Areva, Framatome et EDF. La « financiarisation » de la gouvernance des entreprises a nécessairement eu des conséquences sur la manière dont les entreprises ont été mises sous pression financière. Or les questions de sûreté et de sécurité relèvent du niveau des dépenses d'investissement en capital, CAPEX, et des dépenses d'exploitation, OPEX, donc de la masse salariale et de la chaîne de sous-traitance. Il ne faut pas occulter vingt ans de financiarisation de la gouvernance, au cours desquels la filière du nucléaire a versé des dividendes très élevés à l'État, son actionnaire. Quand on évoque les CAPEX et les OPEX au coeur de la sûreté, il convient de garder à l'esprit la pression financière dont les impacts ne sont pas neutres sur la gouvernance et, finalement, sur l'ensemble de la chaîne.

Dans ses dernières études, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) révèle que le marché au sens concurrentiel, autrement dit l'ouverture des marchés, n'est pas de nature à donner les signaux économiques de long terme dont a besoin la filière nucléaire, qui est une industrie à haute intensité capitalistique et de long terme.

Relever tous les défis de la sûreté nécessite de requestionner la compatibilité du nucléaire à la logique du marché concurrentiel dans le domaine de l'énergie.

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