Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 4 juillet 2018 à 15h00
Lutte contre les rodéos motorisés — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Avec les beaux jours, les rodéos urbains ou sauvages sont de retour, et, avec eux, l'exaspération des riverains, qui craignent pour leur sécurité et celle de leurs enfants, et ne comprennent pas que l'on ne puisse rien faire pour les empêcher.

Rien faire, ce n'est pas tout à fait exact, car il serait déjà possible d'agir avec les textes en vigueur, même si cette proposition de loi permettra d'en faire plus, ce qui est une bonne chose.

Ce n'est d'ailleurs pas l'envie qui en manque à nos forces de police, nationale ou municipale, ou de gendarmerie, pour les zones rurales. Oui mais voilà, le syndrome Villiers-le-Bel joue à plein. On a rappelé le sort de ces deux adolescents, morts à motocross, percutés par une voiture de police, et des 119 policiers blessés, certains par balles, dans les émeutes qui s'étaient ensuivies.

Il est beaucoup question de consignes visant à ne pas poursuivre les contrevenants. Certains évoquent même une circulaire, bien que le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, l'ait démenti. « La police doit agir avec circonspection », a-t-il précisé. Que ces consignes existent ou non n'a que peu d'importance, car elles existent dans les têtes.

Les policiers se sentent coincés. Dès que la poursuite se fait trop risquée, ils abandonnent, avec toute la frustration et les désillusions que cela entraîne. Un rapport du Sénat vient de pointer du doigt le malaise extrêmement profond de notre police. Ce constat d'impuissance face aux auteurs de rodéos urbains participe de ce malaise. Être nargué chaque jour par des adolescents, des gosses qui constatent leur toute-puissance face aux forces de l'ordre, est probablement pire que le manque de moyens matériels.

Puisque ces consignes n'existent pas, il suffirait au ministre de l'intérieur de lancer un signal clair aux forces de sécurité, pour que ces dernières se sentent non pas humiliées, mais soutenues. À cet égard, madame la ministre, j'ai noté votre volonté d'envoyer des circulaires ou des directives dès que cette proposition de loi aura été votée.

J'étais le week-end dernier sur la nouvelle place du centre-ville de Béziers, où une fontaine musicale vient d'être inaugurée. Pour éviter qu'elle ne se transforme en piscine de plein air, une présence policière régulière y a été organisée. Devant moi, une bande de jeunes garçons de onze à quatorze ans se moquait des agents présents, les traitant, entre autres, de « poulets ».

Le rapport du Sénat parle d'une police confrontée notamment à une « contestation sociale » importante. C'est exactement de cela qu'il s'agit : contestation et, surtout, mépris. Et cela, ce n'est pas acceptable.

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