Intervention de Maina Sage

Séance en hémicycle du jeudi 5 juillet 2018 à 15h00
Partenariat entre l'union européenne et la nouvelle-zélande — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaina Sage :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, madame la présidente de la commission, madame la rapporteure, mes chers collègues, nous sommes saisis aujourd'hui de l'examen d'un projet de loi visant à ratifier l'accord de partenariat sur les relations et la coopération entre l'Union européenne et ses états membres, d'une part, et la Nouvelle-Zélande, d'autre part.

S'il paraît nécessaire au groupe UDI, Agir et indépendants d'établir des relations entre l'Europe et les différentes puissances du monde, avec lesquelles nous pouvons partager des principes et des valeurs fondamentales, notamment autour de la Déclaration des droits de l'homme, nous regardons avec attention le projet d'accord-cadre.

Pour ceux qui le défendent, cet accord renforce des alliances dans un contexte international où il est nécessaire de stabiliser et de renforcer nos partenariats avec des pays qui partagent nos valeurs sur un grand nombre de sujets. De plus, cet accord met en avant la capacité d'indépendance de l'Union européenne, ce qui n'est pas négligeable.

Il convient également de replacer nos rapports avec la Nouvelle-Zélande au regard du Brexit, puisque ce pays est directement lié au Royaume-Uni, qui a, lui, décidé de quitter l'Union européenne. Dans ce contexte, l'accord permet de renforcer les relations de l'Union avec la Nouvelle-Zélande, de manière indépendante, et il prouve, par la même occasion, que le Royaume-Uni n'est pas le seul pays qui partage des liens avec ce partenaire historique.

Il traduit également la volonté de l'Union européenne de se positionner comme un acteur majeur des enjeux politiques, notamment de sécurité, en Asie et dans le Pacifique Sud, régions elles aussi sujettes à des conflits.

Nous n'en sommes pas au premier partenariat. Il existe déjà une déclaration commune sur les relations et la coopération, adoptée en 2007 : elle n'a toutefois aucune valeur contraignante.

Pour voir les choses avec un regard positif, cet accord donne aux relations entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande un cadre plus strict, plus organisé et couvrant un plus grand nombre de domaines. Ces domaines concernent chacun d'entre nous, que nous vivions en Europe continentale, comme j'ai l'habitude de le dire, ou à la périphérie de l'Europe. À ce propos, je rappelle que, grâce à la France, les citoyens européens sont présents par millions dans cette zone.

Permettez-moi de faire un petit aparté sur la région Pacifique. Si vous regardez – sur Google Earth, par exemple – le globe terrestre en plaçant la Polynésie française au centre, vous ne verrez que du bleu : vous ne verrez aucun pays aux alentours de notre archipel. C'est ce qui fait l'histoire de notre région. Plus qu'une région, c'est une façade du monde que nous voyons peu. Le Clézio parlait du « continent invisible ».

Étant originaire de Polynésie française, je peux vous dire que la Nouvelle-Zélande est plus qu'un partenaire historique : nous sommes des cousins du Pacifique. D'un point de vue culturel, le triangle polynésien relie Hawaï, dans l'hémisphère nord, l'île de Pâques, à l'est du Pacifique, et la Nouvelle-Zélande, au sud-ouest du Pacifique. Ce triangle polynésien abrite des populations qui y vivent depuis plus d'un millénaire. Au milieu de ce triangle se trouvent la Polynésie française et d'autres territoires comme Tuvalu et Niue. C'est aussi cette histoire commune qui fait la richesse du partenariat avec la Nouvelle-Zélande.

Comme transposer ce partenariat dans des accords ? J'ai été interpellée par les différentes interventions que je viens d'entendre. Du point de vue de nos territoires du Pacifique, du point de vue de la Calédonie, qui est voisine de ce triangle polynésien – elle se situe plutôt dans le bassin mélanésien – , cet accord est tout naturel. Il renforce nos liens avec la Nouvelle-Zélande, tant sur le plan diplomatique que sur le plan culturel. Il permet de consolider nos relations dans différents domaines – je pense à l'éducation, par exemple.

Lors de la discussion de la motion de rejet préalable, j'ai beaucoup entendu parler de la question du climat. Certains se sont interrogés sur l'intérêt de travailler ensemble sur des sujets environnementaux quand on est éloigné de 20 000 kilomètres. Je conviens que, sur un plan commercial, cet accord peut être contradictoire avec la volonté de réorienter les économies vers les circuits courts. Il faut être clair : il est vrai que, pour lutter contre le changement climatique, nous souhaitons aujourd'hui encourager les circuits courts et favoriser les produits en provenance d'une zone géographiquement proche. On peut donc s'interroger sur l'opportunité d'un accord commercial avec la Nouvelle-Zélande. Cependant, dans un contexte de mondialisation, il est naturel que nos pays, qui sont déjà des partenaires économiques, souhaitent consolider leurs échanges. Je ne crois pas que cela soit antinomique avec des objectifs tenant au développement durable et à la protection de notre climat. Lorsque l'on regarde les choses en détail, comme l'a fait Mme la rapporteure, on s'aperçoit que nos pays peuvent occuper des niches de marché qui ne sont pas forcément concurrentes.

Je voudrais vous dire à quel point la Nouvelle-Zélande est un partenaire essentiel à la coopération régionale que nous pouvons organiser en matière de préservation de l'environnement et de lutte contre le changement climatique. Ne croyez pas que cela n'a aucun sens.

Non, monsieur Lecoq, la France n'est pas à 20 000 kilomètres de la Nouvelle-Zélande.

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