Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du jeudi 12 juillet 2018 à 9h30
Débat d'orientation des finances publiques pour 2019

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Monsieur le président, monsieur le ministre de l'action et des comptes publics – cher Gérald – , monsieur le président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, monsieur le rapporteur général de la commission des finances, monsieur le rapporteur général de la commission des affaires sociales, mesdames, messieurs les députés, le débat qui nous réunit ce matin est l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis un an, avec de premiers résultats qui nous confortent dans notre stratégie économique et financière, mais qui ne doivent pas nous faire oublier les défis considérables qui restent devant nous, et l'impératif de transformation de notre modèle économique et social. La croissance pour 2017 a atteint le taux élevé de 2,3 %, ce qui témoigne de sa solidité ; le nombre d'investissements étrangers en France a atteint son plus haut niveau depuis 10 ans, signe que la France est de retour.

Nous continuerons à tenir le cap fixé et rappelé par le Président de la République dans son discours au Congrès : transformer notre économie, tout en rétablissant les finances publiques françaises, tel est le cap que nous sommes fixés depuis le début du quinquennat, et il restera le nôtre dans les années à venir. Le déficit de 2017 s'est situé sous le seuil de 3 %. En conséquence, la France est enfin sortie de la procédure pour déficit public excessif dans laquelle nous étions englués depuis dix ans. C'est une étape majeure dans le rétablissement des finances publiques françaises.

La réduction de la dette reste, à mes yeux, une priorité absolue, non seulement parce que cette dernière s'approche des 100 % de notre richesse nationale, mais surtout parce que nous savons que 1 point de taux d'intérêt supplémentaire se solderait par 2 milliards d'euros de dépenses immédiates, et par 16 milliards euros de dépenses supplémentaires à l'horizon 2025. Nous ne pouvons pas prendre un tel risque. Notre responsabilité est de réduire la dette non seulement, bien sûr, par la réduction de la dépense, mais aussi par tous les moyens supplémentaires envisageables : je pense notamment aux cessions d'actifs, dont une partie sera consacrée au désendettement de notre pays.

Un mot sur les perspectives macroéconomiques de la France : je le répète, l'économie française connaît, depuis 2017, une dynamique de reprise forte. La croissance a nettement accéléré en 2017. Selon le scénario du programme de stabilité d'avril 2018, le dynamisme de l'activité se confirmerait, avec une croissance proche de 2 % en 2018 et 2019. Je reconnais bien volontiers que nous observons, en début d'année, un fléchissement, qui est, à mes yeux, conjoncturel. Les dernières enquêtes de conjoncture qui viennent de sortir font état d'un niveau de l'activité relativement élevé, qui s'est, en outre, redressé en juin. Même si les organismes de prévisions observent un fléchissement conjoncturel, il me semble qu'il est trop tôt pour réexaminer nos perspectives de croissance : elles le seront au moment de l'élaboration du projet de loi de finances – PLF – , au regard du taux de croissance observé au deuxième trimestre, qui sera disponible le 27 juillet. Je préfère réexaminer des perspectives de croissance sur la base de chiffres solides plutôt que de le faire en fonction des aléas de la conjoncture. Je reste convaincu que la croissance, en France, est solide et soutenue.

Les vrais risques sont surtout liés à l'environnement international. Deux risques principaux pèsent sur notre croissance. Le premier est celui d'un brexit brutal, c'est-à-dire que la Grande-Bretagne sorte de l'Union européenne sans qu'un accord soit signé entre les deux parties. Le deuxième est celui d'une guerre commerciale ouverte, qui aurait un impact d'ampleur sur la croissance mondiale. Ce risque dépend principalement de deux facteurs : la décision éventuelle des États-Unis de relever leurs tarifs sur l'industrie automobile – et, ne le cachons pas, cette probabilité est forte – , et l'ampleur de la réaction chinoise aux décisions américaines de relèvement des tarifs.

De ce point de vue, je tiens à rappeler à chacun d'entre vous que, face à la guerre commerciale, l'Europe est notre meilleur et seul bouclier.

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