Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du jeudi 12 juillet 2018 à 9h30
Débat d'orientation des finances publiques pour 2019

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

Monsieur le président, messieurs les ministres, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, chers collègues, il est important de saluer la baisse du déficit public que la France a accusé en 2017. Avec une baisse de 0,8 point de PIB, le déficit atteint 2,6 % ; nous nous conformons ainsi aux exigences européennes.

Le passage sous ce seuil est une bonne nouvelle. Mais cette bonne nouvelle est en demi-teinte : le manque criant d'ambition de ce Gouvernement tout comme sa faible volonté de participer concrètement à la réduction du déficit public nous interdisent de nous réjouir vraiment. En effet, le déficit demeure élevé par rapport à celui de nos pays voisins européens : dans la zone euro, en 2017, seuls l'Espagne et le Portugal affichaient un déficit plus élevé que celui de la France. L'Allemagne a, quant à elle, enregistré en 2017 un excédent budgétaire record pour la quatrième année consécutive.

Ce déficit alourdit considérablement la dette, qui a continué à progresser en 2018 pour atteindre 96,8 % du PIB, soit 2 218 milliards d'euros, en hausse de 66 milliards d'euros sur un an. La France, avec le Luxembourg, dont la dette n'est que légèrement supérieure à 20 points de PIB, est le seul pays de la zone euro dans lequel la dette publique croît encore en 2017, près de dix ans après la crise financière de 2008-2009.

Mais finalement, le plus grave, c'est notre addiction à la dépense publique, sans pareille en Europe, puisqu'elle atteint 56,4 % du PIB en 2017 – un record en Europe ! Les députés Les Républicains avaient, à de nombreuses reprises, alerté et mis en évidence la nécessité de prendre des mesures d'ordre structurel. Les efforts à fournir ne sont d'ailleurs pas mineurs puisque 1,7 point sépare le solde structurel observé, qui est de moins 2,1 points de PIB, et l'objectif de moyen terme qui, lui, est de moins 0,4 point de PIB.

M. le ministre de l'économie nous dit que les résultats sont là – certes, mais c'est seulement grâce à la croissance de 2,2 %, comme vous le savez ! Or rien n'est acquis. La Cour des comptes met d'ailleurs en garde contre tout relâchement des efforts. Cette mise en garde a un goût amer, compte tenu des propositions que les députés Les Républicains avaient émises dans cet hémicycle, lors des discussions de l'automne dernier sur la loi de finances pour 2018. Si des mesures de freinage de la dépense ont été prises en cours d'année, elles n'ont pas permis une réduction des dépenses – c'est même le contraire : les dépenses ont connu une augmentation en volume de plus 1,5 %.

Quant à 2018, la croissance demeure l'élément clef. Le programme de stabilité retient une prévision de croissance du PIB de 2 %. Déjà, la Cour des comptes alerte : certes, la prévision de recettes est plausible, mais elle pourrait aussi se révéler un peu élevée. Monsieur le ministre de l'économie, vous indiquez que le fléchissement, à vos yeux, ne justifie pas de réexaminer les perspectives de croissance et qu'il serait trop tôt. N'attendons pas qu'il soit trop tard !

Maintenant, parlons de 2019. Monsieur le rapporteur général, lorsque vous nous avez présenté votre rapport, mardi, en commission des finances, vous n'avez pu répondre à toutes nos questions, indiquant au passage que vous vous les posiez vous-même.

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