Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du jeudi 12 juillet 2018 à 9h30
Débat d'orientation des finances publiques pour 2019

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

… les moyens des ministères augmenteront de 2,7 milliards seulement. En fait, le budget 2019 présente un ralentissement moindre des dépenses des ministères, avec une enveloppe globale qui évoluerait d'environ 2 milliards à la hausse, sur un total de 244 milliards.

Le Gouvernement continue à s'enfermer dans les perspectives de croissance mais la croissance ralentit en ce début d'année et pourrait ne pas atteindre les 2 % en 2018, comme prévu par l'exécutif, pas plus que le 1,9 % espéré en 2019. Et qui dit « moins de croissance » dit « moins de recettes fiscales », ce qui pourrait dégrader le déficit. En fait, cela reste flou.

Quels sont les constats ? Le premier est qu'au regard des chiffres, il paraît difficile d'envisager une véritable réduction du déficit structurel. Si la France parvient à réduire son déficit public, ce sera, et la Cour des comptes l'affirme elle-même, presque du seul fait de la conjoncture. Le second est que le Gouvernement annonçait être doté d'une grande ambition, qu'il allait procéder à des coupes budgétaires. Finalement, l'ambition est perdue et le manque de volontarisme conduit à une inaction là où l'action serait nécessaire. M. Darmanin nous a parlé de sa grand-mère, et M. Roussel, de sa tante ; pour ma part, je vous parlerai de mes enfants et de mes petits-enfants, de nos enfants et de nos petits-enfants, qui paieront le prix de l'inaction de ce gouvernement.

Au Congrès à Versailles, ce lundi 9 juillet, le Président de la République remerciait les parlementaires pour leur participation aux transformations, notamment avec l'adoption d'un budget « sincère, efficace et ambitieux ». C'est peut-être ce qui a été recherché et proposé, mais le Gouvernement n'a pas proposé un tel budget pour 2018 ; de même, il ne semble pas s'engager dans cette voie pour 2019.

Et pourtant, messieurs les ministres, vous me trouverez avec vous, à vos côtés, pour engager ce cercle vertueux de la diminution des dépenses. Je vous le dis, messieurs les ministres : allez-y ! Enclenchez ce mécanisme vertueux, prescrivez la thérapie adéquate, soignez l'addiction dont souffre notre pays, guérissez-le de ce mal durable aux effets latents. L'environnement macro-économique est encore favorable : il y a donc nécessité à agir car, vous le savez, lorsqu'il n'y aura plus de croissance, alors il n'y aura plus de marge de manoeuvre. Il est extrêmement dangereux de retarder la baisse des dépenses publiques. Pourtant, c'est ce que vous faites en renvoyant aux deux dernières années du mandat les mesures nécessaires : cela n'est pas admissible.

Pire, cela n'est pas loyal à l'égard des Français, à qui vous avez demandé par ailleurs beaucoup d'efforts : ce fut le cas l'année dernière, puisque les prélèvements obligatoires sont passés de 44,6 % à 45,4 % entre 2016 et 2017 ; mais aussi cette année, marquée, selon l'INSEE, par 4,5 milliards de prélèvements supplémentaires.

En conclusion, j'ai le sentiment d'être sur un bateau…

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