Intervention de Patrick Kanner

Séance en hémicycle du lundi 9 juillet 2018 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Patrick Kanner :

Nous aimerions aussi vous voir renouer le dialogue avec les instances sociales de notre pays. L'unité de la nation passera par un dialogue avec les syndicats, avec les associations, avec les collectivités. Or force est de constater que ce dialogue ne fonctionne pas ; depuis un an, nous avons l'impression que les corps intermédiaires ne sont considérés qu'en tant que frein à votre action. Quelle régression pour notre démocratie sociale ! Monsieur le président, sachez dialoguer avant de décider ; sachez accepter la contradiction. Savoir écouter, savoir douter, ce n'est pas une faiblesse ; c'est ce qui renforce les décisions, c'est ce qui fait avancer la cohésion nationale.

Vous êtes donc venu devant le Congrès, monsieur le Président de la République, pour nous présenter un point d'étape de votre quinquennat. Un constat s'impose pour nous : le compte n'y est pas, l'équilibre promis n'est pas là. Bien sûr, un quinquennat, c'est cinq années, et non une seule.

Monsieur le Président, vous nous trouverez toujours à vos côtés pour accompagner les réformes de progrès social et la défense de la République. Mais nous serons aussi toujours là pour combattre les mesures qui ne profitent qu'à ceux qui ont déjà tout.

Oui, mes chers collègues, une réforme peut être injuste ; la réforme n'est pas une valeur en soi, et c'est son résultat qui doit être jugé. Nous restons, nous, la gauche de gouvernement, porteuse d'une promesse de transformation harmonieuse de la société ; nous voulons solliciter les plus aisés pour accompagner les modestes, en ne décourageant jamais les classes moyennes. Nous avons la social-démocratie au coeur ; nous combattons le ruissellement sauvage, celui qui balaie ceux qui sont au rez-de-chaussée mais qui épargne toujours ceux qui sont dans les étages.

Nous croyons encore et toujours à un État modérateur et régulateur du marché, et non l'inverse ; nous croyons à un État qui défend la décentralisation-providence, celle qui subit depuis plusieurs mois une véritable période de pénitence. Nous valorisons l'émancipation par l'éducation populaire, l'engagement de la jeunesse et une certaine idée du mot « partage », qui ne sera jamais le « toujours plus ».

Monsieur le Président, nous craignons comme vous cette désespérance qui conduit au populisme, cet isolement qui conduit au nationalisme, cette ignorance qui conduit au totalitarisme. Pouvez-vous nous assurer que la politique que vous menez depuis un an préserve la France et l'Europe de ces trois menaces ? C'est notre exigence. Nous nous engageons à être vigilants.

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