Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du lundi 9 juillet 2018 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

En attendant, c'est à vous Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, et à l'ensemble de la majorité parlementaire que nous nous adresserons en dressant le bilan de cette première année et en faisant part de nos préoccupations pour celles à venir. Car même si nous n'appartenons pas à votre majorité, nous souhaitons sincèrement votre réussite puisqu'elle suppose celle de la France. C'est pourquoi la ligne directrice du groupe UDI, Agir et indépendants consiste à vous soutenir lorsque vous êtes sur la bonne voie et à s'opposer lorsque vous déraillez. À nos yeux, après le tremblement de terre politique de 2017, c'est ainsi que nous pouvons être utiles à notre pays et respecter la volonté des Français de voir les responsables politiques changer d'attitude, en finir avec les affrontements stériles et les oppositions feintes.

En somme, nous pensons que les Français attendent de nous que nous jouions la politique en vrai et que nous jugions votre action au cas par cas, comme ils le font eux-mêmes chaque jour. Nous savons bien que cela n'entre pas dans les cases du business médiatique dans lequel chacun est censé jouer un rôle convenu d'avance de soutien aveugle ou d'opposant à tout. Mais peu nous importe, car le débat démocratique doit, selon nous, élever le degré de conscience civique des citoyens, et non pas répondre aux objurgations des réseaux sociaux ni aux injonctions d'une information si permanente qu'elle confond l'accessoire élevé au rang d'événement et l'essentiel ravalé au niveau de l'anecdote.

Les clivages d'hier ne sont plus ceux d'aujourd'hui tant ils ont été bouleversés par la mondialisation. Désormais, notre débat politique est scindé en deux. D'un côté, il y a ceux qui voient avec effroi le monde nouveau, le vrai, dans lequel la globalisation rend tous les pays chaque jour plus dépendants les uns des autres, réduisant inexorablement les marges de manoeuvre nationales. Ceux-là veulent faire croire que notre pays serait plus fort en se repliant sur lui-même, en se recroquevillant sur son passé, en s'isolant du mouvement général de la planète avec l'illusion de s'en protéger. De l'autre côté, et c'est un point qui nous est commun, monsieur le Premier ministre, il y a ceux qui, comme nous, comprennent que face à cette évolution du monde, il nous faut choisir de transformer profondément notre organisation économique et sociale mais aussi politique, afin de conserver suffisamment de forces pour demeurer libres de nos choix et de nos modes de vie.

C'est à travers ce prisme que nous pourrions souscrire aux nombreuses déclarations du Président de la République qui prônent la transformation et l'émancipation.

Sur le plan international, tout d'abord, nous saluons l'énergie déployée par l'exécutif pour rendre à la France sa place et son rôle dans ce monde devenu multipolaire où s'affrontent quelques grandes puissances continentales au détriment de tous les autres petits États. C'est là que réside le défi majeur de l'Europe, le seul échelon qui, à condition de faire preuve d'une plus grande unité, est en mesure de défendre efficacement les intérêts nationaux des pays qui la composent pour peser face aux grands pays du monde et même face à ces énormes multinationales nées des nouvelles technologies et dont la puissance dépasse celle de nombreux États. Une Europe plus fédérée est notre seule chance de peser dans les relations internationales pour y protéger nos intérêts, nos modes de vie, et notre vision de l'organisation sociale.

Aussi, si nous soutenons l'engagement européen du Président de la République, nous vous invitons à aller plus loin en proposant de transférer au niveau européen des compétences pour lesquelles les politiques nationales montrent chaque jour leur inefficacité. C'est le cas de la protection des frontières, de l'immigration, des stratégies industrielles et de recherche, de la lutte contre le terrorisme et les grands trafics, de la défense qui doit devenir moins dépendante des États-Unis, de la transition énergétique qui pourrait accroître notre indépendance collective ou encore de l'aide au développement de l'Afrique dont nous sommes les seuls voisins – j'ai été heureux d'entendre le président évoquer cet enjeu majeur. Si l'Afrique va mal, nous serons les premiers à en souffrir. Les prochaines élections européennes seront à cet égard une occasion unique pour nos concitoyens de dire s'ils veulent faire de l'Europe un véritable bouclier face aux dangers et aux enjeux du monde.

En politique intérieure, les sujets sont nombreux et complexes, et le temps de parole qui nous est imparti ne me permettra pas de tous les aborder sereinement.

En résumé, je dirais que s'achève une première période au cours de laquelle se sont enchaînées des réformes nécessaires, utiles et trop longtemps reportées, telles que la refonte du code du travail, la baisse de l'impôt sur les sociétés, la baisse des charges sociales, le prélèvement unique et forfaitaire sur les revenus du capital, l'amputation d'un impôt sur la fortune contre-productif, la transformation de la SNCF, la reconfiguration de l'enseignement primaire, la tentative déterminée de réduction de notre déficit, creusé de manière irresponsable depuis des années. Dans cette première période, nous avons déploré l'iniquité de la hausse de la CSG : il n'y a pas de raison que seuls les retraités financent la compétitivité de notre pays.

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