Intervention de Frédérique Vidal

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 17h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Je commencerai par rétablir quelques vérités.

Ce sont bel et bien 31 000 places supplémentaires que nous visons pour cette année. Nous en avons déjà créé 21 000, qui ont été accompagnées par 350 emplois et 6 millions d'heures complémentaires. Certains prétendent que cette réforme se fait sans moyens financiers ; or, on ne crée par 350 emplois de titulaires dans les établissements d'enseignement supérieur sans moyens financiers récurrents puisque les personnes qui les occupent continueront à être payées l'année prochaine comme tout fonctionnaire d'État.

La répartition de ces places a été le fruit d'une discussion entre les recteurs et les présidents d'établissement, qui ont choisi de recourir soit aux emplois pérennes soit aux heures complémentaires selon leurs besoins. Pour les 10 000 places supplémentaires, nous nous appuierons sur la même procédure, dont aucun établissement ne s'est plaint. D'ores et déjà, 35 millions d'euros supplémentaires ont été notifiés aux établissements pour l'année 2018. Les mêmes modalités s'appliqueront pour les 10 000 autres places : elles donneront lieu à de nouvelles notifications pour l'année 2018.

Le deuxième chiffre que j'aimerais corriger concerne le nombre de candidats en attente d'une proposition : ils sont 85 000 actuellement. Tous les autres candidats ont été pris en charge depuis le 22 mai, ou bien ont demandé à être accompagnés par le recteur de leur académie, ont reçu des réponses négatives ou ont quitté la plateforme.

Pour le moment, rien ne nous permet de dire que les candidats qui ont quitté la plateforme se tournent davantage vers des formations privées hors Parcoursup. Rappelons que 15 % des offres de formation ne figurent pas sur la plateforme et qu'à mesure que les résultats aux concours d'entrée des instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), des classes préparatoires intégrées des écoles d'ingénieurs des universités, des instituts d'études politiques sont connus, les candidats abandonnent la procédure. Il faut simplement attendre les résultats définitifs, qui vous seront, bien sûr, communiqués.

Il ne s'agit pas d'une loi de sélection. Si tel avait été le cas, nous n'aurions pas créé de places supplémentaires là où les jeunes ont envie d'aller alors qu'il y a encore 130 000 places vacantes dans l'enseignement supérieur.

Je comprends tout à fait que ce processus itératif ait pu générer une autre forme d'angoisse, notamment lorsqu'il était mal expliqué et présenté comme étant sélectif et voué à l'échec. Cependant, les lycéens ont extrêmement bien compris le dispositif. Certains, bien sûr, ont éprouvé de l'anxiété, mais ils en auraient éprouvé de toute façon. On ne contrôle pas l'anxiété d'un lycéen et de sa famille l'année du baccalauréat.

Nombre de parents ayant fait l'expérience d'APB puis de Parcoursup m'ont indiqué que la nouvelle plateforme donnait beaucoup plus d'informations et que celles-ci contribuaient à aider leurs enfants dans leurs choix. Ils ont salué le travail des professeurs principaux et des conseillers d'orientation que je tiens à saluer à mon tour. Et ceux qui ont eu recours aux commissions académiques d'accès à l'enseignement supérieur saluent le travail de toutes les personnes chargées de répondre au téléphone, de traiter les messages électroniques et d'examiner les dossiers.

Certes, il y aura des correctifs à faire. Un comité s'attachera aux aspects techniques de la plateforme. Il proposera notamment que, l'année prochaine, le rang du dernier appelé soit indiqué : savoir que le dernier appelé était millième sur la liste l'année précédente évitera un trop grand stress au candidat qui se trouve en centième position. Par ailleurs, je tiens à ce qu'un bilan social de ce nouveau dispositif soit établi par des sociologues. Les recherches menées à partir des données de la plateforme nous fourniront des pistes pour aller vers la démocratisation réelle.

L'arrêté licence a fait l'objet d'une concertation tout comme la loi ORE. Pour la deuxième fois, nous avons recueilli un avis positif de l'ensemble des représentants des syndicats du personnel et étudiants ainsi que des représentants des établissements. Il permet la mise en oeuvre de la loi en autorisant des parcours plus personnalisés, plus flexibles, et au caractère pluridisciplinaire accentué. Un jeune ne sachant pas encore vers quelle voie s'orienter pourra ainsi bénéficier d'enseignements dans plusieurs disciplines et effectuer ensuite un choix éclairé.

Il est évidemment très important que cette réforme puisse être accompagnée financièrement. C'est le cas : 325 millions d'euros ont été consacrés à la mise en place des premiers cycles au sein des universités. La deuxième vague de notifications est intervenue cette semaine. À cela s'ajouteront les augmentations budgétaires de 2018 et 2019.

Il est important également que les établissements disposent de ressources propres. Travailler avec les employeurs des futurs étudiants en prenant appui sur la taxe d'apprentissage et le soutien des entreprises à la formation continue n'est nullement synonyme de marchandisation. C'est la prise de conscience que l'une des missions des universités est l'insertion professionnelle et moi, je ne sais pas comment faire de l'insertion professionnelle sans demander aux employeurs ce qu'ils attendent de leurs futurs employés.

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