Intervention de Michèle Victory

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 17h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Avec Parcoursup, la sélection est désormais faite par un algorithme national rendu public, ainsi que par des algorithmes locaux dépendant des universités, qui ne le sont toujours pas. Comme plusieurs de mes collègues, je vous demande de rendre ces derniers publics afin de faire toute la lumière sur cette procédure d'admission.

Nous constatons en effet que, désormais, ce ne sont plus les bacheliers qui choisissent leur université, mais les universités qui choisissent leurs bacheliers. Ce renversement va à l'encontre d'un libre accès de tous à l'université. Car, pour faire leur choix, les universités vont rechercher si le profil des intéressés correspond aux caractéristiques de la formation demandée et définir des attendus locaux au regard de la particularité de leur cursus.

Malheureusement, les premières victimes de ce système sont les jeunes issus des milieux les plus modestes, qui ne sont pas nécessairement en mesure de répondre à ces attendus. À titre d'exemple peut être citée l'université de Bourgogne qui recommande d'être titulaire du brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (BAFA) pour entrer en première année commune des études de santé (PACES). Je rappelle que ce diplôme peut coûter jusqu'à 1 300 euros ; une telle exigence constitue donc une curieuse façon d'évaluer la motivation de nos jeunes.

D'autres universités privilégient les élèves ayant passé un test d'anglais tel que le Test Of English for International Communication (TOEIC) ou le Test Of English as a Foreign Language (TOEFL). Or l'inscription à ces examens coûte parfois plusieurs centaines d'euros, accentuant ainsi les inégalités pécuniaires. Ne serait-il pas plus pertinent de renforcer le cadrage national réalisé par le ministère de tutelle afin d'empêcher cette forme de sélection sociale ?

Enfin, beaucoup d'élèves appartenant aux catégories sociales les plus modestes sont en lycée professionnel. Nous nous félicitons donc de l'instauration, au cours de la législature précédente, d'un quota de bacheliers professionnels imposés dans les STS ou les IUT, formations largement « trustées » par les étudiants issus des filières générales. Toutefois, afin de favoriser l'insertion des bacheliers professionnels dans le monde universitaire, ne serait-il pas pertinent de faire passer ce quota à 50 % par exemple, ce qui renforcerait la mixité sociale, donnerait une vraie chance aux bacheliers professionnels de poursuivre leurs études et favoriserait leur insertion dans le monde universitaire ?

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