Intervention de Éric Coquerel

Réunion du mardi 10 juillet 2018 à 16h15
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Le « chaînage vertueux » que vous vantez, monsieur le rapporteur général, c'est en fait la baisse du déficit public et des dépenses publiques, ainsi que le transfert des recettes. Votre présentation ne donne d'ailleurs guère d'indications sur l'évolution économique, les chiffres du chômage et de l'inflation n'étant pas indiqués.

En 1974, il y avait 0,1 % de croissance pour 14 % d'inflation. Une telle combinaison nous ferait aujourd'hui sursauter. De 1998 à 2001, la croissance s'est successivement établie à 2,4 %, 1,6 %, 1,3 % et 1,4 %, et cette période a été marquée par la plus importante création d'heures de travail de toute l'histoire de la Ve République. De tels éléments nous manquent pour mettre en perspective la politique économique proposée.

Vous évoquez, page 8 de votre présentation, une « conjoncture toujours favorable ». Je vous trouve très optimiste. L'INSEE publiait au contraire hier, en matière tant de chômage que de consommation populaire, des chiffres clairs : « la production industrielle de la France a enchaîné en mai un troisième mois de recul consécutif, se contractant de 0,2 % contre toute attente ». À la fin du mois de mai, la production industrielle affiche une baisse de 0,8 % et la production manufacturière recule de 0,5 %. J'estime donc que nous nous dirigeons plutôt vers l'éclatement d'une bulle spéculative que vers une relance de l'activité économique.

Page 9, votre tableau reprend les mesures de baisse et de hausse de l'an dernier. On voit que les baisses, qu'il s'agisse de l'ISF, de la flat tax ou de la baisse de l'impôt sur les sociétés, ne profitent qu'à une certaine catégorie des Français, mais qu'elles sont supportées par l'ensemble des Français, à travers la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), la fiscalité énergétique, la hausse de la fiscalité sur le tabac...

Au nombre des sujets d'inquiétude pour 2019, je compte le maintien assumé, toujours au nom de la lutte contre les déficits, d'un effort accru de maîtrise des dépenses publiques. Quelques mesures sont déjà tombées. Ainsi, la suppression de la prime d'activité pour les personnes en situation de handicap fera passer sous le seuil de pauvreté un certain nombre des travailleurs à temps partiel. Je redoute donc un budget injuste, inégalitaire et inefficace.

S'agissant de la suppression de 20 000 postes à Bercy, j'ai cru comprendre qu'il ne s'agirait pas du chiffre exact. Mais on maintient le non-renouvellement de 50 000 postes dans la fonction publique d'État et de 70 000 postes dans la fonction publique territoriale entre 2020 et 2022. Si la courbe de la croissance s'inverse, le moment sera fort mal choisi pour annoncer autant de suppressions d'emplois.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.