Intervention de Serge Letchimy

Séance en hémicycle du jeudi 19 juillet 2018 à 21h40
Démocratie plus représentative responsable et efficace — Après l'article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Letchimy :

Il y a un paradoxe, dont j'ignore s'il faut l'attribuer à l'insouciance ou à l'inconscience. J'observe que, dans leurs amendements, Mme Sage et Mme Bello n'ont jamais écrit le mot « outre-mer », afin de ne pas situer le débat. Les amendements que nous évoquons visent à vous faire prendre conscience de l'importance de ce que possède la nation. J'insiste : ces amendements évoquent la biodiversité, les mers et les océans.

La France a tout de même rayonné pendant près de quatre siècles dans des combats et des conquêtes que nous, qui les avons subis à une certaine époque, avons condamnés. La colonisation s'est faite, en effet, par des conquêtes maritimes très puissantes. L'histoire est l'histoire. Nous en prenons acte, mais nous ne pouvons pas être la deuxième puissance maritime mondiale, juste après les États-Unis, sans en prendre conscience. Cela représente 12 millions de kilomètres carrés, dont 11,5 millions pour l'outre-mer, et c'est d'une importance exceptionnelle.

Peut-être avancerez-vous l'argument selon lequel cela n'a pas à figurer dans la Constitution, mais ayez au moins l'honnêteté de reconnaître qu'il s'agit d'une question d'avenir. On ne connaît en effet que 1 % des richesses scientifiques que recèlent les milieux marins. La biodiversité marine est exceptionnelle.

Je conclurai, sans être provocateur, par une question qui m'agace : le seul fait que la France soit le pays où le soleil ne se couche jamais doit-il satisfaire l'ego national ? Les pays situés au milieu des océans ont aussi besoin d'espaces de progrès, d'émancipation et de développement. Or la mer et les océans pourraient participer à un nouveau paradigme économique et de progrès. En l'ignorant ou en n'en ayant pas conscience, je considère que vous portez tort à l'avenir de ce pays, non pas volontairement, mais par cette même insouciance qui a fait supprimer le ministère de la mer et qui prévaut en matière de développement maritime, alors qu'on sait pertinemment que, pour nous, dans l'outre-mer, les espaces de progrès de demain sont précisément liés à cette reconnaissance mondiale et internationale.

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