Intervention de Sylvain Maillard

Séance en hémicycle du lundi 23 juillet 2018 à 16h00
Liberté de choisir son avenir professionnel — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvain Maillard :

Quelques chiffres sont en effet éloquents : la formation professionnelle profite trois fois plus aux cadres des grandes entreprises privées qu'aux ouvriers et employés des TPE et PME ; il y a seulement 400 000 apprentis en France, alors que 1,3 million de jeunes ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études – soit deux fois moins qu'en Allemagne où le taux de chômage est bas. Ainsi, malgré les 32 milliards d'euros de collecte par an, notre système de formation professionnelle et d'apprentissage n'est ni assez efficace, ni assez accessible ni assez juste ! Manque d'accessibilité, manque d'orientation, manque d'accompagnement… Chers collègues, non ! Nous ne pouvons plus tolérer toutes ces injustices ! Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins.

Madame la ministre du travail, vous avez annoncé une révolution copernicienne de la formation professionnelle et de l'apprentissage dont nous partageons pleinement la philosophie. Avec ce projet de loi, demain, nos formations seront plus accessibles et plus justes. Le compte personnel de formation ne sera plus libellé en heures mais en euros, ce qui favorisera une véritable désintermédiation du système. Désormais, chaque candidat aura accès aux informations sur l'ensemble des formations, le taux d'employabilité ou encore les salaires prévisionnels. Demain, les opérateurs de compétences verront leurs missions dédiées pleinement au conseil et à l'accompagnement des entreprises dans l'élaboration de leurs plans de formation. Nos formations seront également plus efficaces et plus transparentes : les usagers seront mieux accompagnés avec la création d'une agence nationale, France Compétences, qui se chargera de réguler la qualité des formations et leur coût. L'orientation fait également partie de nos priorités. Désormais, les actifs pourront solliciter le conseil en évolution professionnelle de leur région, gratuitement, ce qui permettra de mieux répondre à leurs attentes. L'urgence est également de revaloriser l'apprentissage : notre objectif est de changer d'échelle, de transformer l'image de l'apprentissage et d'en faire enfin la voie d'excellence qu'il est !

Chers collègues, est-ce que l'apprentissage fonctionne en France comme nous le souhaitons ? Malgré les quelque 8 milliards d'euros qui y sont consacrés chaque année, la réponse est malheureusement négative. J'ai écouté attentivement les débats au Sénat, et nos collègues de tous bords reconnaissent à l'unanimité le manque d'efficience du système actuel. Nos solutions sont simples et pragmatiques : cette réforme doit remettre les entreprises au coeur de notre système et en faire les pilotes de l'apprentissage qu'elles sont dans tous les pays européens où le taux de chômage est faible et où l'apprentissage est largement plus développé. Nos régions seront également associées au dispositif en prenant la responsabilité pleine et entière de l'orientation des jeunes. L'instauration d'un coût contrat permettra le développement des centres de formation d'apprentis sur l'ensemble de notre territoire.

Chers collègues, en tant que législateurs, nous avons tous sur ces bancs une obligation de résultat. Notre pays est percuté par les mutations économiques et sociales, et le coeur de notre bataille reste la lutte contre le chômage de masse ; ne l'oublions pas ! La bataille que l'on doit mener ensemble est bien celle de la montée en compétences des citoyens grâce à l'éducation et à la formation, celle qui permettra de sécuriser les parcours de formation tout au long de notre vie. Chers collègues, soyons à la hauteur des enjeux de notre temps et des attentes de nos concitoyens en permettant à ceux-ci d'avoir enfin la liberté de choisir leur avenir professionnel !

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