Intervention de Alain Gibelin

Réunion du lundi 23 juillet 2018 à 21h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Alain Gibelin, directeur de l'ordre public et de la circulation à la préfecture de police de Paris :

Dès l'élection de M. Macron, M. Benalla a été nommé à un poste d'adjoint au chef de cabinet : il était d'ailleurs en possession de cartes de visite portant ce titre. Pour ma part, je n'avais aucune possibilité de savoir dans quelles conditions sont nommés les collaborateurs de la Présidence de la République, et ne pouvais donc que constater qu'il se prévalait de sa qualité d'adjoint au chef de cabinet vis-à-vis de l'ensemble de ses interlocuteurs – jusqu'au cabinet du préfet de police, où il a participé à des réunions de travail sur des sujets relevant de la sécurité des événements auxquels le Président de la République devait prendre part.

Je connais M. Benalla depuis sa nomination au poste qu'il occupait – si tant est qu'il y ait eu une nomination formelle, ce que j'ignore –, c'est-à-dire depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Il a remplacé dans ses fonctions M. Monteil, qui se prévalait également d'être adjoint au chef de cabinet. C'est un interlocuteur qui s'est imposé naturellement dans le paysage, comme une personne tout à fait crédible en apparence, qui distribue des cartes de visite faisant mention de sa qualité d'adjoint au chef de cabinet et qui, lors des déplacements et des réunions préparatoires qui les précèdent, expose la vision et les souhaits du cabinet du Président de la République – ou du Président lui-même – en termes d'organisation.

Pour ce qui est des aspects relatifs à la sécurité, c'est surtout le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) qui exprime des souhaits. Dans le cadre d'une relation de travail habituelle, les souhaits du Président de la République et de son cabinet sont exposés aux services du préfet de police, du GSPR ou encore des organisateurs de l'événement, qui expriment un avis quant à la possibilité de tenir compte de ces souhaits, et le cas échéant dans quelles conditions.

Pour être très clair, je vous confirme que M. Benalla est bien connu de la DOPC, ès qualités d'adjoint au chef du cabinet du Président de la République, un titre dont il se prévaut et dont il arbore les signes apparents depuis la mise en place du cabinet.

J'ajoute que je ne me rends jamais aux réunions préparatoires des déplacements, cette tâche étant dévolue à certains de mes subordonnés, qui travaillent avec des collaborateurs, parfois même avec les chefs du GSPR. Il arrive que le chef du cabinet du Président de la République prenne part lui-même à ces réunions. M. Benalla y est évidemment présent du fait de ses attributions, ainsi que certains collaborateurs du préfet de police, qui sont généralement des membres de la mission « police » du cabinet du préfet, chargés de faire remonter au préfet de police les souhaits formulés au cours de la réunion, avant que des instructions ne soient données sous la forme d'une note que le préfet de police m'adresse, et que je « mets en musique » avec mes services.

Pour ce qui est du comportement de M. Benalla, rien ne m'a été rapporté par mes collaborateurs. Comme vous, j'ai entendu des syndicalistes policiers affirmer récemment qu'il avait des comportements inappropriés vis-à-vis de policiers sur le terrain, mais, avant cela, rien ne m'était jamais remonté à ce sujet. La DOPC est une petite direction comportant vingt-huit cadres, me semble-t-il, du commissaire de police jusqu'à moi, et je peux vous assurer qu'aucun de mes commissaires ne m'a jamais fait remonter un comportement inapproprié d'Alexandre Benalla sur le terrain.

J'ajoute que j'ai l'habitude de contrôler les événements depuis la salle de commandement et que je me rends donc très peu sur le terrain – il faut pour cela qu'un contexte très particulier le justifie. Les deux dernières fois où j'ai aperçu Alexandre Benalla sur le terrain ont été le 1er juillet, jour du transfert des cendres de Simone Veil au Panthéon, et le 14 juillet. Aucun de mes collaborateurs ne m'a fait remonter de problèmes particuliers concernant Alexandre Benalla, et aucun ne m'a informé de sa participation à une opération de maintien de l'ordre, soit à titre personnel, soit en se prévalant d'une autorisation réelle ou supposée.

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