Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 12 septembre 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Il s'agit par conséquent d'un défi : avec le changement climatique, l'agriculture ne sera, d'ici quelques années, plus la même qu'avant. Comment allons-nous faire face à cette réalité ? Pas avec des gens ruinés, étranglés de cette façon par un endettement auquel ils n'arrivent plus à faire face et confrontés à des fluctuations de prix.

Il y a donc un rapport entre la lutte contre la financiarisation de l'agriculture, la déconnexion avec les marchés mondiaux et la question de l'écologie et du traitement écologiquement respectueux de l'agriculture.

Telle sera la nouvelle fonction des agriculteurs. Il y a quelques années, des gens écrivaient toutes sortes d'articles disant : oui, il nous faut des paysans, parce qu'ils vont s'occuper du paysage rural. Il ne leur venait pas à l'esprit que s'occuper du paysage rural, c'est bien, mais que ce n'est pas la vocation essentielle des paysans qui pensaient, eux, en avoir d'autres.

En revanche, reconstruire la terre détruite sera l'une des prochaines missions de l'agriculture : il serait donc temps de s'y mettre. Et le plus tôt l'on s'y mettra, le mieux ce sera, ce qui signifie également que le niveau de qualification des agriculteurs devra également s'améliorer, afin qu'ils soient capables de mener à bien une telle mission.

Au demeurant, si vous voulez, chers collègues de la droite – je me tourne un peu vers vous parce que, sur ce plan, nous avons souvent eu des visions convergentes – une agriculture paysanne, vous aurez forcément besoin de plus de main-d'oeuvre. Par la force des choses.

L'un de nos collègues a dit que l'on ne pouvait pas enlever les mauvaises herbes à la binette : je l'entends bien et ne propose pas que l'on procède ainsi. D'autres méthodes existent en effet.

De toute façon, c'est mentir que de dire qu'une agriculture paysanne va pouvoir se former avec 1,8 % de la population qui est à la terre : ce n'est pas vrai. Il faut pour ce faire 300 000, 400 000, peut-être 500 000 paysans de plus.

Or nous ne les trouverons pas en les décimant comme le pratiquait l'armée romaine en disant à un soldat sur dix : « tu seras paysan ». Les personnes concernées doivent forcément avoir envie d'y aller et doivent pouvoir le faire dans de nouvelles conditions.

Il faut donc augmenter les contingents qui sont recrutés dans les lycées agricoles et leur proposer une vie qui en soit une. Personne n'a envie d'aller crever de misère – financière, affective et culturelle, comme c'est souvent le cas – tout seul, au point qu'au bout de toutes ces difficultés un paysan se pend tous les trois jours dans ce pays, dans une indifférence absolument incroyable.

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