Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Depuis, nous n'avons eu de cesse de proposer la mise en place d'outils permettant à la puissance publique, aux agriculteurs et aux interprofessions d'intervenir directement sur la construction des prix d'achat. Conférence annuelle, définition de prix planchers, coefficient multiplicateur, déclenchement d'un encadrement des marges de la distribution en cas de crise… Ces outils de bon sens sont toujours rejetés par dogmatisme libéral, alors qu'ils sont les seuls à même de bousculer des rapports de force totalement défavorables aux producteurs. Nous continuerons de les défendre après l'adoption de ce texte minimaliste et même avant, au cours de nos débats.

Globalement, nous disposons d'ailleurs d'une vision assez claire des marges de chacun des acteurs, même si certains continuent de ne pas vouloir transmettre leurs comptes, et si nous ne sommes pas dupes des nombreux mécanismes qui permettent de faire du camouflage dans le détail des comptes des sociétés. Mais alors que le législateur ne cesse d'intervenir pour tenter de restaurer « la loyauté » ou « l'équilibre » des relations commerciales, il ne veut surtout pas transformer en profondeur les rapports de force.

Le texte dont nous débattons aujourd'hui n'échappe pas à la règle. Si certains déchantent au regard de son contenu, c'est qu'après les belles exhortations présidentielles des états généraux de l'alimentation, vous touchez, monsieur le ministre, les limites de l'exercice de communication. Car, vous le savez, chacun le sait, nous ne ferons même pas le premier pas sur la route d'un rééquilibrage, même partiel, de la répartition de la valeur ajoutée au bénéfice des producteurs.

Mais nous comprenons que vous êtes sur une position difficile, voire douloureuse, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, coincés que vous êtes entre le marteau des intérêts financiers et les promesses sans lendemain de votre éminent mentor présidentiel, coincés et en tout cas bien loin de ce que les agriculteurs attendaient.

Nous voyons avec ce texte, comme avec tous les autres, que le nouveau monde promis, c'est tout simplement celui de la doctrine néolibérale.

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