Intervention de Gilles Lurton

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Lurton :

Nous sommes donc à nouveau réunis pour examiner en nouvelle lecture le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable.

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, si je crois en votre sincérité lorsque vous affirmez votre volonté, que nous partageons, de permettre aux agriculteurs de notre pays de vivre de leur production et de leur travail, je pense que vous êtes ficelés par une série de décisions qui ne dépendent pas de vous.

Avant que nous n'abordions l'article 1er, qui traite de l'encadrement des contrats de vente et accords-cadre afin d'inverser le processus de construction du prix payé aux agriculteurs en s'appuyant sur les coûts de production, je voudrais revenir sur le titre du projet de loi, porteur de belles promesses.

Après les états généraux de l'alimentation, les agriculteurs ont voulu croire à ces promesses, en toute bonne foi, avec une grande sincérité. Dans les rassemblements agricoles que j'ai parcourus au mois d'août et avec vous, monsieur le ministre, dimanche dernier, en Ille-et-Vilaine, je sens pourtant naître un doute important ainsi qu'une très grande inquiétude quant aux résultats de ces huit mois de travail.

Je suis d'ailleurs convaincu que tous, ici, nourrissent les mêmes inquiétudes. Je ne m'arrêterai pas sur l'absence de protection pour les agriculteurs dans l'affectation des prix de vente de leurs produits, dont nous débattrons à l'article 1er. Votre proposition de créer des indicateurs, mis à la libre disposition des parties, ne modifiera en rien la situation telle que nous la connaissons.

Bien que les objectifs qui animent ce projet de loi soient sans doute honorables, les solutions trouvées, au mieux inefficaces et insuffisantes, pourraient, dans le pire des cas, se révéler dangereuses pour notre agriculture.

Plusieurs d'entre nous l'ont dit, monsieur le ministre, votre projet risque de devenir une occasion manquée. Si les objectifs qui l'animent sont honorables, les solutions trouvées ne sont pas à la hauteur de vos ambitions.

Oui, les attentes des agriculteurs sont grandes. Ils ont espéré parce que vous leur avez donné l'espoir que votre gouvernement changerait les choses en leur permettant enfin de vivre de leur travail, en prenant des décisions comme nous le ferons dans les heures à venir. Je demande à chacune et à chacun de garder à l'esprit que l'avenir de notre agriculture dépendra de ses votes.

Le consommateur demande un nouveau modèle agricole. Nous souhaitons tous voir évoluer notre agriculture vers une plus grande qualité, une plus grande sécurité. Mais ne nous y trompons pas, nous ne pourrons construire ce modèle qu'avec les agriculteurs, s'ils existent encore demain.

Or chaque agriculteur qui aura été trompé par les états généraux ne produira plus demain pour le consommateur français, car il ne produira plus du tout. Ce n'est pas ce que nous voulons.

Il est encore temps de changer cela. Mobilisons-nous pour que cette loi ne soit pas une occasion manquée !

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