Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

Nous parlons beaucoup de prix rémunérateurs – et c'est une absolue nécessité – , fixés à partir des coûts de production reposant eux-mêmes sur des indicateurs. Mais quel taux de marge pour quel revenu ? Si les prix sont alignés sur les coûts de production et que ceux-ci ne prennent pas en compte la rémunération du travail, le revenu est égal à zéro.

Il n'y a pas une agriculture, il y a des agricultures. Qu'y a-t-il de commun entre une exploitation de 120 hectares en système allaitant dans mon département de l'Allier et une exploitation de 1 000 hectares dans la Beauce ?

Pour compenser la diminution des marges au cours des dernières décennies, les exploitations ont été agrandies, favorisant la disparition des petites exploitations que nous déplorons tous.

Si les coûts de production sont analysés de la même façon pour l'exploitation de 120 hectares et pour celle de 1000, les revenus qui en résultent seront totalement différents. La politique agricole commune doit corriger les disparités entre les modes de production. Pour concilier l'économie, l'environnement et le social, il importe de définir des coûts de production et des prix rémunérateurs selon les modes de production. Il faut obtenir des assurances sur le devenir de la PAC, notamment en direction des zones défavorisées qui subissent des contraintes supplémentaires pour produire.

Si nous ne plaçons pas ces questions au coeur de notre réflexion, nous pérenniserons le modèle fondé sur des exploitations de plus en plus grandes au détriment des petites structures. Il faut réfléchir à notre modèle agricole. L'Union européenne s'était intéressée à cette question en cherchant à redéfinir la notion d'exploitation familiale. Ce sujet est fondamental dans un pays comme le nôtre, dans lequel la diversité des agricultures appelle des réponses différenciées.

Je forme le voeu que la politique agricole commune se préoccupe de ces questions : ainsi, les agriculteurs les plus exposés pourront eux aussi avoir des perspectives, la profession se renouvellera et l'installation sera favorisée grâce à une feuille de route beaucoup plus claire qu'elle ne l'est aujourd'hui.

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