Intervention de Marc Fesneau

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Fesneau :

Je le sais bien mais ce sont eux que nous défendons grâce à cette mesure, car ils ont besoin de s'organiser puissamment.

Le second pilier, suite aux engagements pris lors des états généraux de l'alimentation, vise à renforcer le dialogue avec les consommateurs et à avancer sur un certain nombre de sujets. Il y en aura toujours pour nous reprocher de ne pas aller assez loin. Je pense au contraire que les avancées sont significatives. Beaucoup craignaient ainsi, en mai dernier, que les agriculteurs ne jouent pas le jeu. Il s'avère au contraire, aujourd'hui, que les gens sont prêts au dialogue. Certes, la période est aux élections syndicales et oblige parfois à adopter certaines positions. C'est compréhensible. Il n'en demeure pas moins que, malgré ce contexte, des organisations syndicales se disent prêtes à s'engager dans le processus de réduction des produits phytosanitaires.

Ce texte comporte d'autres avancées du même ordre et nous devons les saluer.

Nous partons de loin, ne l'oublions pas. Prenons l'exemple de la loi de modernisation de l'économie. Reconnaissons qu'elle n'a pas aidé les agriculteurs, même si les rédacteurs de ce texte pensaient sincèrement faire oeuvre utile. Au contraire, les agriculteurs se sont trouvés affaiblis face à leurs interlocuteurs de la grande distribution, qui s'est servi de ce texte pour renforcer le joug qui pesait sur les agriculteurs. Tel n'était pas l'objectif de ce texte, bien sûr, mais le résultat est là. C'est pourquoi nous devons faire preuve de vigilance, car les gros opérateurs voudront toujours détourner les textes à leur profit.

La majorité, comme l'opposition, doit prendre conscience de l'importance des avancées de ce texte.

Par ailleurs, nous devrons mener collectivement d'autres combats, monsieur le ministre, à commencer par celui de la PAC. Ce combat sera essentiel. Rien ne peut se faire sans la PAC, à condition qu'elle demeure solidaire et ne soit pas nationalisée en douce. Nous avons besoin d'une politique agricole qui demeure commune. Elle est d'ailleurs l'une des rares politiques communes. À l'heure où beaucoup veulent détricoter l'Europe, en particulier ce type de politique, nous devrons faire preuve de vigilance, dans l'intérêt de la France, des agriculteurs et de l'Europe.

Vous aurez tous compris que nous voterons ce texte. Il n'empêche que nous devrons rester attentifs, lors du débat budgétaire, aux charges pesant sur les salaires. Les dernières annonces ont soulevé un certain nombre d'inquiétudes et nous devrons être la majorité qui permet d'alléger les charges sociales dans les secteurs les plus employeurs de main-d'oeuvre. Le déficit français, qui ne cesse de se creuser depuis vingt ans, tient en partie à ce différentiel. Attention également au différentiel de charges entre les agricultures européennes. C'est un autre combat à mener. Nous devons mettre fin aux concurrences déloyales internes qui nuisent à l'agriculture française et à l'esprit européen. Un agriculteur français ne peut pas comprendre que ses collègues ne soient pas soumis aux mêmes contraintes que lui.

Ne surchargeons pas la barque française. Il est inutile de faire comme en Corée du Nord et de soumettre nos produits à un excès de normes. Nous vivons dans un monde ouvert, et notre agriculture a une vocation exportatrice, au-delà de sa mission d'alimentation de proximité. On ne peut pas défendre cette vision de l'agriculture et vouloir se replier à l'intérieur de nos frontières, mais il faut alors adopter des règles communes et acceptées.

D'autres sujets viendront sur la table et je suis d'accord sur un point avec M. Di Filippo, pour une fois.

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