Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 9h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Dans les contrats et les accords-cadres, il est nécessaire de distinguer le prix de départ payé au producteur du prix d'arrivée à l'usine. Je vais une nouvelle fois essayer de vous convaincre, monsieur le ministre de l'agriculture, vous qui êtes aussi l'élu d'un territoire où la production laitière est très importante – je veux parler de la Normandie, et plus précisément de la Manche.

Nous encourageons les agriculteurs, dans leur diversité, à produire de la qualité. Nous incitons les filières à rechercher l'excellence. Aujourd'hui, monsieur le ministre, dans votre département de la Manche, un certain nombre de producteurs de lait sont empêtrés dans l'affaire Synutra, du nom de cette entreprise chinoise venue investir chez nous. D'ailleurs, il vaudrait mieux soutenir les Français quand ils investissent, car on voit bien que les investissements chinois sont sources de complications.

Les producteurs vont donc vouloir s'organiser et, puisqu'ils produisent du lait de qualité, comme c'est le cas dans la Manche, en Bretagne et ailleurs sur le territoire national, voudront faire un lait à haute valeur environnementale, dont nous avons discuté en première lecture, et qui sera aussi à haute valeur nutritionnelle – riche, par exemple, en oméga 3 – et à haute valeur sociale: on parlera alors du rôle social de l'entreprise et de celui que l'on veut confier à l'agriculture française. Ce lait réunira donc les trois critères de la haute valeur environnementale, nutritionnelle et sociale.

Les agriculteurs se structureront alors en une organisation de producteurs, voire en une coopérative de collecte, puis lanceront une consultation auprès des industriels. Dans la Manche, ils solliciteront peut-être Agrial, et peut-être aussi Sodiaal, qui n'est pas loin, et lanceront peut-être une consultation avec Lactalis. En Ille-et-Vilaine, ils s'adresseront peut-être à Triballat, excellente entreprise industrielle familiale. Sur la base de cette consultation, ils choisiront le mieux-disant en termes de coût de collecte. De fait, le lait de qualité que j'évoquais tout à l'heure, à haute valeur nutritionnelle, environnementale et sociale, ne sera pas mélangé avec un lait « conventionnel ». C'est ainsi que l'on structure la filière et que l'on soutient l'excellence. On peut ensuite avoir des produits transformés et organiser des circuits de proximité.

Monsieur le ministre, pour parler de ce que je connais bien – de fait, je suis baigné dans le lait : à Fougères, on pisse du lait, et du bon lait, à seaux et à citernes ! – , et sur un sujet que Christian Jacob connaît bien aussi, nous avons assisté pendant trente ans à un regroupement des outils industriels, qui transforment désormais du volume, et je suis convaincu que nous allons connaître, dans les mois et les années qui viennent, un rapprochement des unités de transformation du lait des bassins de production, c'est-à-dire qu'on verra apparaître des filières courtes, des circuits courts et qu'on verra des producteurs se fédérer, se doter d'outils de proximité et vendre au consommateur, en proximité, des laits identifiés, de haute qualité et tracés, à des prix compétitifs et, surtout, à des prix qui rémunèrent les producteurs. Voilà le sens de cet amendement, auquel je tiens comme à la prunelle de vos yeux, monsieur le ministre.

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