Intervention de Jérôme Nury

Séance en hémicycle du jeudi 13 septembre 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 11

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Nury :

Dans la lignée de ce que vient d'expliquer Gilles Lurton, je dirai que l'intention est bonne, s'agissant de la restauration collective, dans cet article 11. Qui, en effet, peut être opposé à ce que nous mangions plus sainement dans ce type de restauration, et à ce que nos enfants mangent plus sainement dans les cantines ?

Je crains toutefois que, sous couvert de bonnes intentions, on ne cache des effets dévastateurs et opposés aux objectifs poursuivis : dévastateurs pour les collectivités, notamment les plus petites, qui auront beaucoup de mal à s'organiser. C'est le cas, par exemple, lorsqu'elles délèguent le service à des associations locales composées de parents. Celles et ceux d'entre nous qui ont été élus locaux savent que ce sont là des sujets délicats. C'est donc tout un processus qu'il faut revoir dans nos collectivités, et ce dans des délais très courts, trop courts. De fait, trois ans, cela paraît bien peu.

L'effet peut aussi être dévastateur pour les parents : je ne vous apprends rien, certains d'entre eux éprouvent déjà beaucoup de difficultés à payer la cantine pour des repas de 3 euros ou 3,50 euros. Lorsque le surcoût induit par l'objectif de 50 % de produits bio ou locaux sera répercuté sur le prix du repas – à hauteur de 50 à 60 centimes, selon les estimations – , il faudra bien que quelqu'un paie. Or le contribuable est déjà exsangue, et le parent consommateur ne cesse de perdre du pouvoir d'achat.

Les effets peuvent aussi être inverses à l'objectif poursuivi : imposer une part de 20 % de produits bio créera une demande considérable, que notre seule agriculture ne pourra pas absorber. Il faudra donc importer des produits bio d'Amérique du Sud ou d'Asie, ayant reçu des certificats improbables, peu sûrs et qui ne correspondent pas aux normes françaises. On fera ainsi appel à des produits réputés « bio », mais dont le bilan carbone sera catastrophique, puisqu'ils auront fait le tour de la terre pour arriver dans nos assiettes.

Qui plus est, on déstabilisera toute la filière bio française en apportant massivement sur notre marché du bio extra-européen.

Pour toutes ces raisons, nous défendrons des amendements visant à repousser la date fatidique de 2022 et à encourager plutôt qu'à contraindre.

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