Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du vendredi 14 septembre 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 11 septies a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Deuxièmement, est-ce que le fait d'indiquer le mode de production va pénaliser l'agriculture française, et notamment l'élevage français ? Est-ce que le fait de mentionner l'existence de traitements phytosanitaires va pénaliser l'agriculture française ? Moi, je crois au contraire que cela va la tirer vers le haut.

Surtout, et c'est pour moi l'argument le plus important, au-delà du fait qu'elle répondra à une attente sociétale, cette mesure va être un levier pour faire évoluer notre agriculture. Elle nous permettra de nous inscrire dans une logique de cercle vertueux, parce qu'il est bien évident que cet étiquetage va tout bouleverser, tout bousculer. Cela va par exemple grandement stimuler le plan protéines, que notre collègue Barbara Pompili a évoqué et que nous devons développer au niveau national. Si nous voulons cesser d'acheter du soja génétiquement modifié au Brésil, il faut que nous stimulions la production de protéines sur notre territoire. Le fait d'indiquer l'origine géographique de nos produits va démultiplier la relocalisation et les achats de proximité. C'est la logique du cercle vertueux.

De même, en signalant les produits ayant fait l'objet d'un traitement phytosanitaire, nous allons booster le développement de nouvelles pratiques culturales. Tout cela nous mettra dans une dynamique qui tirera notre agriculture vers le haut. Il se peut effectivement que, dans un premier temps, certains aient le sentiment que cette mesure les pénalise, mais nous devons avoir des objectifs extrêmement ambitieux. Si nous n'arrivons pas à développer dans notre pays, de façon très volontariste, une agriculture durable, et si nous ne jouons pas un rôle de modèle au niveau européen, nous courons à la catastrophe. Je suis convaincu que le devenir de notre agriculture est lié à des choix éthiques extrêmement stricts. Nous devons nous attacher aux questions essentielles que sont l'ancrage de l'agriculture dans le territoire et le lien entre la production agricole et la société civile. Nous devons prêter attention aux attentes des consommateurs.

J'ai conscience que cette mesure sera difficile à mettre en oeuvre pour des raisons pratiques – et je pensais d'ailleurs, monsieur le ministre, que ce serait l'un de vos arguments. L'étiquetage, ce n'est pas une chose simple et je sais que l'industrie agroalimentaire est vent debout contre cette mesure, parce qu'elle ne sait pas comment elle va s'y prendre. Mais des recherches ont été faites et il existe désormais des logos qui assureraient un étiquetage efficace. Cette démarche sera par ailleurs complétée par un immense effort de pédagogie à l'échelle du pays, au sujet de l'acte même de consommer.

Ces amendements, je le répète, loin d'être pénalisants, vont valoriser notre agriculture.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.