Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 25 septembre 2018 à 15h00
Croissance et transformation des entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Il n'est plus possible de continuer de produire de cette façon, en opérant pareille prédation sur la nature, parce que ce système n'est pas vivable !

Je le dis avec force car je sais que la plupart d'entre vous le ressentent comme moi : il n'y a pas ici des gens qui se fichent de voir disparaître tout l'environnement naturel et d'autres qui s'en soucient ! Tout le monde y pense ! Simplement, vous faites de petites cases : la case « nature », la case « production », et aucun rapport entre les deux... Mais il y en a bien un : si nous continuons de considérer qu'il faut produire toujours plus, n'importe quoi, n'importe comment, avec pour seul critère le prix le plus bas possible, alors ce prix le plus bas, c'est de la gratuité prélevée sur l'homme et sur la nature. Autrement dit : toujours plus de travail pour les uns, des statuts sociaux de plus en plus déréglés, pour que les gens soient tenus au travail par la peur ; et, d'un autre côté, le saccage de la nature, payé par personne. Parce que c'est cela aussi le capitalisme : se payer sur la bête, et se payer sur la nature. Si vous changer le paradigme, alors vous devez choisir l'intérêt général.

Voilà pourquoi, en tout cas pour nous, il y a un lien très étroit entre ce débat, aujourd'hui, et l'idée d'une règle verte que l'on constitutionnaliserait. Ce serait un défi lancé à tous nos techniciens, ingénieurs et travailleurs productifs de toute sorte : on ne prendrait plus dorénavant davantage à la nature que ce qu'elle peut reconstituer. La France est une grande nation technicienne et qualifiée. Elle est capable de relever ce défi. Mais il faut tout changer !

Il faut d'abord changer ceux qui produisent. Cela implique des formations différentes. Cela implique de changer les machines, changer les matières premières, changer la manière de distribuer, changer celle de consommer pour que cessent ces comportements irresponsables auxquels non seulement nous participons tous, mais auxquels nous sommes invités à participer toujours davantage – en préférant la marchandise mille fois emballée à celle qui vient en vrac par exemple, au point que, comme nous l'avons déjà dit, il y aura bientôt plus de plastique dans la mer qu'il n'y a de poissons...

Après la règle verte dans la Constitution, il faut la planification écologique. C'est grâce à elle que nous remplirons les carnets de commandes. Je voudrais que l'on entende cela. Le jour où ce sera notre tour de gouverner, il y aura le retour de ce que le général de Gaulle appelait l'« ardente obligation » du plan. Le plan, c'est à dire la modification des process de production et des objectifs visés. Vous voyez, ce n'est pas le Gosplan, c'est le plan.

À l'issue de la dernière guerre mondiale, tout le monde planifiait, toutes les économies, les économies capitalistes comme les économies socialistes. Ce n'est qu'ensuite que l'on s'est mis à maudire le plan et à le regarder comme une absurdité qui ne fonctionnerait pas. Comme si nombre de pays qui ont planifié n'étaient pas sortis de leur arriération grâce au plan ! Comme si de grandes nations comme la nôtre n'avaient pas fait de tels changements de paradigme, de tels bonds en avant techniques et scientifiques grâce à la planification et aux objectifs donnés centralement ! L'objectif que nous fixerons centralement sera le changement de la production, je viens d'en parler. Il faut donc prendre les mesures qui correspondent, et c'est à cela que je limiterai mon propos.

Il y a premièrement la règle verte. C'est un défi technique et scientifique, un défi aux producteurs. Vous ne ferez pas fonctionner cette règle avec quelques têtes d'oeuf, surtout pas avec celles qui ont été mises aux postes de commandes dans les grandes entreprises de ce pays !

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