Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du mardi 25 septembre 2018 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

J'espère que justice sera un jour rendue sur l'affaire Lafarge : comment un gouvernement a-t-il pu offrir une industrie aussi importante aux Américains, avec les conséquences que l'on sait, en particulier sur le fonctionnement de nos sous-marins nucléaires ? Mais, en l'occurrence, vous vous surpassez : vous allez faire la plus mauvaise affaire que l'on ait connue depuis la privatisation des autoroutes. C'est d'abord une question de sécurité nationale ; je rappelle qu'un grand pays libéral, comme les États-Unis, n'a pas abandonné le contrôle de ses principaux aéroports, car les Américains savent que ceux-ci constituent les portes d'entrée de leur nation, et qu'il faut bien évidemment préserver leur caractère public. Autre problème, d'une gravité comparable : vous faites croire que c'est une bonne affaire financière.

J'aimerais vous prouver que ce n'est pas le cas et que vous mentez aux Français. Vous avez fait croire qu'avec les 10 milliards issus des privatisations, vous alliez financer l'innovation. Mais le 12 juin dernier, si ma mémoire est bonne, vous avez dû rétablir la vérité et reconnaître que vous allez affecter 10 milliards à un fonds, qui engendrera un revenu annuel de l'ordre de 200 millions par an – je dis bien 200 millions ! – pour le financement de l'innovation, alors que les trois entreprises que vous privatisez et que vous allez peut-être donner à des copains – comme M. Macron, quand il était ministre, à votre place – , ont rapporté en 2017 – qui était une mauvaise année – 847 millions de dividendes à l'État, 1,4 milliard en 2016, 1,1 milliard en 2015 et, pour remonter à 2012, 1,5 milliard. Cela signifie que vous faites la pire affaire qui soit pour le budget de l'État. Non seulement vous abandonnez la porte d'entrée du pays, l'entreprise Engie, la Française des jeux – ce qui pose aussi un problème en termes d'addiction au jeu – , mais vous allez priver le budget de l'État de plus de 1 milliard – en moyenne – de recettes annuelles, pour placer de l'argent dans un fonds qui va rapporter, au mieux, entre 200 et 300 millions. C'est une absurdité financière totale !

On aurait pourtant dû tirer les leçons de l'affaire des autoroutes. La Cour des comptes avait expliqué très justement – le Financial Times s'en était fait l'écho – que c'était la plus mauvaise affaire jamais réalisée par l'État français – peut-être étiez-vous conseiller du Premier ministre qui, à l'époque, avait organisé cette spoliation des Français ? Cette opération s'était soldée par des pertes de 10 milliards, une augmentation des tarifs, le racket de nos concitoyens. Êtes-vous fier de cela, avec le recul ? Allez-vous faire la même chose avec Aéroports de Paris ? Je vous parie que cette société va tomber dans l'escarcelle de Vinci, comme par hasard, et que l'État et les Français vont perdre beaucoup d'argent. Ce milliard de dividendes, qui pouvait permettre à l'État d'investir, ne sera toutefois pas perdu pour tout le monde – je pense aux éternelles clientèles du président Macron et de son gouvernement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.