Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du mercredi 26 septembre 2018 à 15h00
Lutte contre la fraude — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Votre projet de loi avait pour ambition de s'attaquer sérieusement à cet insupportable fléau. Ce devait être un grand pas et ce ne sera en réalité qu'un tout petit pas.

Je ne reviens pas sur les avancées de ce texte : les sanctions à l'encontre de certains cabinets fiscalistes ; l'aggravation des amendes pour fraude ; les obligations concernant les plateformes en ligne ou les cartes prépayées ; et, enfin, le « name and shame ». Tout cela va dans le bon sens et nous sommes nombreux à l'avoir souligné. Je remercie Émilie Cariou et Éric Diard d'avoir fait des propositions au sujet du « verrou de Bercy », qui sera finalement allégé, et non supprimé. Cela fait des années que les députés et les sénateurs communistes, les incorruptibles, se battent pour faire sauter le « verrou de Bercy ». Nous avons choisi de voter cet article, car il marque tout de même une avancée, mais nous continuerons notre combat pour faire sauter ce verrou.

Sur les cinquante amendements que nous avons défendus, vous en avez retenu quatre, relatifs à la rémunération des aviseurs fiscaux, au renforcement de la responsabilité sociale des entreprises en matière fiscale, ou encore à l'information des salariés sur les prix de transfert. Cette dernière mesure devrait être utile pour prévenir les pratiques fiscales comme celle qu'a utilisée le groupe McDonald's.

Si ce texte présente donc des avancées, nous avons aussi des regrets.

Vous assouplissez le « verrou de Bercy », et c'est une bonne chose, mais pourquoi en instaurer un autre au ministère de la justice ? C'est comme s'il fallait à tout prix atténuer votre propre audace ! D'un côté, nous votons un article qui décide que tout dossier concernant plus de 100 000 euros de fraudes sera désormais transmis automatiquement à la justice, mais, de l'autre, vous ouvrez deux portes de sortie aux fraudeurs : le plaider-coupable et la convention judiciaire. Avec ces deux mesures, les tricheurs pourront encore trouver le moyen d'amoindrir leur peine, d'éviter un procès public, voire de ne pas être condamnés. Tout dépendra du procureur, mais aussi des moyens que vous donnerez à la justice. Ce n'est pas cohérent avec les objectifs que vous affichez.

J'en viens maintenant à cette turbine nucléaire de la fraude que sont les paradis fiscaux. Les députés communistes vous ont proposé, au printemps, une liste crédible, sérieuse et transparente des paradis fiscaux. Il s'agissait d'adopter et d'inscrire dans notre droit des critères précis qui existent et qui ont fait l'objet d'un long travail toutes ces dernières années, au sein de l'Union européenne et de l'OCDE. Au lieu de cela, vous avez préféré vous aligner sur la liste de l'Union européenne, dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle est nulle, ridicule et pas crédible. À la petite liste française des paradis fiscaux, vous proposez d'ajouter la petite liste de l'Union européenne, dans laquelle ne figurent pas les cadors, les véritables repaires de la triche mondiale que tout le monde connaît. Comment prendre au sérieux votre liste de paradis fiscaux, alors qu'on n'y trouve ni la Suisse, ni l'Irlande, ni Malte, ni les Pays-Bas, ni le Luxembourg, ni les Bermudes, ni les îles Caïmans ?

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