Intervention de Didier Quentin

Séance en hémicycle du mercredi 26 septembre 2018 à 15h00
Accord de dialogue politique et de coopération entre l'union européenne et cuba — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Quentin, rapporteur de la commission des affaires étrangères :

Madame la présidente, madame la ministre, madame la présidente de la commission des affaires étrangères, mes chers collègues, le projet de loi soumis aujourd'hui à notre approbation vise à autoriser la ratification par la France de l'accord de dialogue politique et de coopération entre Cuba et l'Union européenne, qui a été signé à Bruxelles, le 12 décembre 2016.

Rappelons le contexte dans lequel il s'inscrit. Cuba est aujourd'hui en pleine transition, aussi bien en matière politique qu'au plan économique : il apparaît dès lors intéressant d'accompagner cette évolution, même si elle est encore timide, et quels qu'aient été nos sentiments et nos jugements sur la politique conduite dans ce pays ces cinquante dernières années.

Sur le plan politique, nous assistons au début de l'ère post-Fidel, avec le retrait de la direction de l'exécutif de Raúl Castro et avec l'arrivée à la tête de l'État de Miguel Díaz-Canel Bermùdez, qui vient de se rendre à New-York pour l'Assemblée générale des Nations unies. Raúl demeure néanmoins à la tête du parti jusqu'en 2021. Évidemment, même si l'orientation politique du régime doit demeurer, c'est à un changement de génération que l'on assiste. Celle qui a participé à la révolution cubaine cède la place à une génération qui n'a pas connu 1959.

Sur le plan économique, les besoins sont immenses et la population attend une amélioration de ses conditions de vie, ce à quoi le pouvoir actuel s'est engagé. Toutefois, la crise de liquidités que traverse le pays est clairement un obstacle au développement des activités économiques, puisqu'elle se traduit notamment par une chute des importations. De plus, l'absence chronique d'investissements directs étrangers maintient le pays sous pression. Enfin, la crise vénézuélienne et le durcissement des relations avec les États-Unis pèsent fortement sur l'économie cubaine.

Au plan régional, en effet, les perspectives se sont assombries. Tout d'abord, la normalisation des relations avec les États-Unis, commencée sous la présidence de Barack Obama, est menacée par l'administration de Donald Trump. Quelques mois après son arrivée à la Maison Blanche, celui-ci a annoncé vouloir mettre fin à la politique américaine de desserrement de l'embargo à l'égard de Cuba, même s'il nous a été confié qu'il avait dans le passé envisagé d'y faire des affaires. Le business a ses raisons. Les restrictions sur les déplacements et les tracasseries financières ne facilitent pas les échanges. S'y ajoutent les effets de la crise vénézuélienne, principal partenaire économique et financier de Cuba, qui aggrave la crise de liquidités du pays.

Dans ce contexte, l'Union européenne apparaît comme une alternative face aux États-Unis. C'est également un allié politique et économique indispensable pour soutenir la transition cubaine. L'Union européenne n'est d'ailleurs pas la seule : Cuba entretient d'excellentes relations, non seulement avec le reste de l'Amérique latine, mais aussi et surtout avec la Chine et la Russie. L'Union européenne est ainsi devenue, au fil des ans, le premier partenaire économique de l'île, après le Venezuela, et le premier investisseur dans la région.

Cependant, le dialogue politique, de l'avis des Latino-Américains, n'est pas toujours à la hauteur des liens économiques. Cet accord marque donc une nouvelle étape dans la coopération entre l'Union européenne et Cuba. La France y a beaucoup oeuvré, puisque c'est sous sa présidence de l'Union européenne, en 2008, avec Nicolas Sarkozy, que l'impulsion a été donnée, en vue de négocier cet accord.

Sur le fond, contrairement aux autres accords entre l'Union européenne et les pays de la région – Chili, Mexique, pays andins, Amérique centrale, Caraïbes – , tous en vigueur, à l'exception de l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur qui, heureusement pour beaucoup d'entre nous, n'a pas abouti à ce jour,...

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